/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 07-09-19

Pion – « 22h22 »

Chaque année apporte son lot de groupes possédant des univers loin des canons du genre. Depuis quelques années une nouvelle génération de musiciens transposent la liberté folle que permet le home studio dans des compositions aux envolées créatrices. C’est de ce bois qu’est fait Pion qui nous arrive au travers d’un premier album mystique et puissant. Multipliant les genres et les audaces musicales dans des compositions extrêmement fouillées. François Devulder, Charles Templier et Louis Delorme connu pour être le batteur de Air et Charlotte Gainsbourg nous entraînent avec finesse dans un monde musical débridée et puissamment psychédélique.

Pion - "22h22" : La chronique

Assumant leur psychédélisme dès le premier titre éponyme « 22h22 » , Pion nous fait entrer dans la folie d’un univers pas si éloigné du réel que cela. Jouant sur des sonorités changeantes multipliant les parties saxo et piano dans un tout plongé au sein d’une partie batterie éclatante, les Français dessinent un premier titre hors norme. Passant de la pop jazzy à la house puissante « Sirine #1 » , Pion ne cache pas son éclectisme dans des compositions rappelant aussi bien Florent Marchet notamment sa période astrale qu’une pop à la Grizzly Bear de celle qui n’en fini pas de se transformer et de multiplier les idées audacieuses. On aime de suite ce mélange entre rap et pop, cette façon de faire éclater un message dans un tout très cinématographique.

Loin de lisser leurs messages les français transforment leur revendication en un hymne puissant et troublant de punch. On se laisse emporter dans cette musique ne répondant pas au sacro saint couplet refrain et travaillant sa pop en un souk coloré aux sonorités vintage. Pion passe sur « Sirine #2 » du côté clair de la force nous emportant dans une électro enlevée faisant miroir avec « Sirine #1 » . Travaillant un mélange parlé chanté dans un écrin à l’electro funky les français sont décidément à part et transforment leur pop psychédélique en une navette spatiale parcourant le temps musical. Sans jamais nous brusquer ils passent d’un style à l’autre avec une facilité déconcertante tout en se gardant de tomber dans le mauvais goût marketing.

Avec Pion l’expérimentation s’invite dans une pop éclatante et déstructurée. Loin des compromis d’une pop commerciale, les français trouvent la liberté de faire comme bon leur semble en partageant un univers complexe et puissant qui nous impressionne de sa qualité. Multipliant les couches sonores ils transposent avec un sens de la composition une vision psychédélique d’une pop toujours trépidante. On pense à Pink Floyd ou à MGMT dans cette façon qu’ils ont de dessiner une musique innovante et complètement barrée qui nous ouvre progressivement de nouveaux horizons musicaux. 

Il n’y a pas de mot pour décrire le style de Pion. Constamment à la frontières de plusieurs approches musicales, les Français dessinent une nouvelle façon d’entendre la musique. Avec délicatesse et rythme, les français dessinent une musique unique transperçant chaque style pour mieux l’ingurgiter dans un tout étonnamment digeste. Au travers d’une créativité sans fond ils nous offrent un album à l’audace impressionnante qui vient mélanger plusieurs styles pour en créer un nouveau éminemment addictif. On se laisse prendre au jeu de cette façon qu’ils ont de défricher une électro expérimentale en y intégrant des textes parlés politisés. Travaillant une matière sonore, ils bâtissent un patchwork musical complètement cohérent qui nous éblouit de sa puissance. Pion est à la musique ce que Brazil est au cinéma, une sorte d’ovni puissant et accaparant à l’esthétique travaillée et enveloppant.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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