Il faut bien se l’avouer, plus les choses sont mystérieuses et plus elles attirent l’attention. Murmur l’a bien compris et fait durer le suspens sur son identité depuis maintenant de longs mois. Sa production au compte goutte et de très grande qualité est aussi pour beaucoup dans cet attrait. C’est donc dans un premier EP éponyme que Murmur se dévoile un tout petit peu plus au travers de 4 titres à l’électro pop précise et 2 remixes signés des très bon Soleil Vert et Apollo Noir. 

Dans un premier titre intitulé « Time’s Away », le français construit de suite le décor d’une musique à la personnalité forte entre sonorités puissantes et mélodies douces. Ce fantôme à l’esthétique singulière nous entraine sur ce premier titre dans une électro pop superbement travaillée. Avec un sens de l’instrumentation électro il nous propose une composition naviguant dans un mélange exquis alliant sonorités tranchantes et background feutré pour un tout qui rapidement nous enivre de sa puissance. Entêtant dans sa construction, le titre prend progressivement de l’ampleur et déploie ses ailes dans un concert de sonorités toutes plus électro les unes que les autres. Caressant de sa voix claire, Gregory nous enivre de sa pop exquise dans une sorte de rêve éveillé qui pourrait à certains moment prendre la forme d’une sorte de cauchemar à l’esthétique enlevée. On est comme happé par ce morceau cultivant les bonnes ondes et tranchant de ses invectives puissantes une mélodie capiteuse.

Entre sourdines et sonorités abruptes, la musique de Murmur s’inscrit dans un entre deux accessible et diablement entêtant. Dans une production bien pensée, le français dessine une musique éclatante de sobriété aux contours ronds qui nous entraine dans la folie d’un artiste à l’univers précis. Parfait dans sa production, il esquisse une pop exquise et profondément addictive. Travaillant les sonorité avec beaucoup d’allant, il n’en fini pas de transformer chacun de ses titres en une oeuvres d’art à part entière possédant chacune une personnalité propre. Fourmillant d’idées en tout genre, Murmur nous impressionne de sa créativité qui semble sur ces titres être un puit sans fond. Sur une rythmique enlevée « Babe », il nous entraine dans une musique aussi bien tranchante dans ses sonorité que feutrée dans un background à la rondeur assumée.

Que cela soit au niveau sonore ou au niveau visuel, l’identité de Murmur est très marquée et le français s’applique à l’intégrer à chacun de ses morceaux avec une force de plus en plus vive au fur et à mesure de l’avancée de cet EP. Véritable main de fer dans un gant de velours, la musique du français se plait à défier les codes pour mieux s’employer à transformer une pop en un objet d’art visuel et sonore. Cet EP nous présente un artiste complet capable d’allier avec une cohérence rare musique et visuel dans un tout cousu main. Avec ce qu’il faut d’audace et de persévérance, il n’hésite pas à multiplier les pas de côté pour mieux nous immerger dans un univers cassant et troublant qui progressivement part en cacahuète « A.l.b.e.d.o. ». 

Dans ce premier EP, chaque sonorité semble étudiée, disséquée et transformée pour présenter exactement la vision de l’artiste. Impressionnant dans son travail de création puis de production , Murmur nous démontre que le calcul peut aussi très bien être un pourvoyeur de bonnes ondes. Avec une précision d’horloger, le français esquisse et peint une oeuvre complète et intransigeante qui n’en finit pas de nous entrainer dans les méandres d’un cerveau créatif et diablement doué. Sans jamais tomber dans une électro expérimentale à la technicité encombrante ni dans la facilité d’une pop commerciale, le français marche sur un fil tendu entre 2 univers et créé le sien avec délicatesse. 

Arnaud Le Tillau
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