La cinquantaine sonnante voici que Christophe Miossec nous revient en ce doux mois d’avril avec « Ici Bas, Ici Même » album au dépouillement lumineux construit à 3 dans son fief breton. 20 ans après « Boire » et 10 ans après « 1964 », celui que l’on avait laissé plus rock que jamais sur « Chansons Ordinaires » signe un album au délicieux goût de renaissance.

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Oublié le très coulant « Finistériens », on retrouve dès « On vient à peine de commencer », premier morceau au titre à double sens, le Miossec des débuts. Arrangements dépouillés agrémentés de touches électriques, le français imprègne sa musique de ce côté brut et entier qui colle si bien à sa personne. Au travers d’une ambiance lourde sans être écrasante, il nous livre son ressenti sur le temps qui passe et retrouve sa puissance d’antan.

Thématique de l’amour sur « Le cœur » ou « Qui nous aime », Miossec apparaît une fois de plus au dessus du lot. Se racontant au travers de ses angoisses, il les transforme en poésie à nulle autre pareille, touchante et crue. Aux travers d´une voix érodée inimitable, il nous touche avec des mots simples.

La musique du breton ressemble à ces intérieurs de maisons de vacances, bruts, comportant des défauts mais respirant la vie, chaleureux et accueillant. Composé en trio avec l’aide d’Albin de la Simone et Jean-Baptiste Brunhes, les titres transpirent ce côté spontané. Que cela soit sur le magnifique « Bête comme j’étais avant » ou le très grave « Nos morts », il y a dans chacune de ces chansons une honnêteté implacable. Miossec ne triche pas et nous livre ses états d’âme au travers d’un exercice de lâcher prise assez déroutant. Décors sonores sans fioriture, il aborde la mort, l’oubli ou la solitude, sur le pertinent « Qui nous aime », avec une lucidité rare.

Pourtant au travers d’une orchestration lente, brute et violente, le Finistériens parle surtout de cette vie qu’il chérit, dont il souhaite profiter pleinement. Fataliste presque zen, le breton apparaît reposé et sincère avec cette volonté de se montrer tel qu’il est et non derrière un personnage. Sans être doux un seul instant, Miossec nous caresse de ses mélodies simples.

Humain, fissuré, Miossec signe ici un des meilleurs albums de sa discographie. À l’image du magnifique « Des touristes », le français met sur papier et en musique une réalité d’aujourd’hui. Album grave et puissant « Ici-Bas, Ici Même » est peuplé de grandes chansons qui risquent fort de devenir des classiques. Addictif au plus haut point cet album nous donne une des grosses claques de ce début d’année!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com