/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 09-04-21

Matt Low – « La Ruée Vers l’Or »

Initiée en grande partie par Jean Louis Murat, la scène Clermontoise ne cesse depuis une dizaine d’année de fournir à la chanson française ses plus beaux talents. C’est d’Auvergne que nous vient Matt Low dont le chemin a croisé Garciaphone ainsi que Delano Orchestra pour finalement se lancer en solo après 2 EP très appréciés. Ce premier album se nomme « La ruée vers l’or » et voit le français nous proposer une folk éclatante et délicate qui nous fait frissonner. 5 ans après son dernier EP, Matt Low soigne sa sortie dans un opus à la fois sobre et savoureux.

Ce que l’on retient dès les premières note de « Mon Ami » c’est tout d’abord cette basse ronde et généreuse un peu saturée donnant à voir une instrumentation lente et chaleureuse. Puis c’est cette voix grave, granuleuse qui nous enveloppe de son timbre frissonnant. Dans une chanson française de très bonne facture, Matt Low nous propose un premier titre superbement écrit. Cette mélodie redondante ne cesse de nous embarquer dans une sorte d’hymne calme. On est comme happé par ce mélange de folk et de rock que le français avait déjà eu l’occasion de mettre en oeuvre dans son précédent groupe « Delano Orchestra ». L’auvergnat dessine une musique au long cours faisant la part belle à une instrumentation sublimée par l’entrelacement de sa voix avec celle de Kate Fletcher.

Il n’a pas son pareil pour nous transpercer de sa voix granuleuse et vibrante qui vient envelopper une instrumentation à la construction pop folk. Matt Low transforme sur « Dans ma poche » l’essai grâce à une sobriété à toute épreuve qu’il incarne à la perfection dans une musique simple et efficace à la chaleur humaine folle. Matt Low pause doucement sa voix et son atmosphère dans des compositions superbement orchestrées sur un premier album qui fait la part belle à l’acoustique malgré quelques incursions électro. Le résultat est une musique qui coule de source sans jamais tomber dans la complexité pop tout en gardant cette brillance et cette fraîcheur addictive.

Il y a dans l’approche du français une sorte d’artisanat folk qui rend le tout extrêmement attachant. Matt Low instaure dans ses différents titres une sorte d’intimité entre lui et ses auditeurs grâce à cette voix chuchotante. Cette proximité donne à l’intégralité des titres une sorte de simplicité qui de suite nous parle et nous enveloppe. De sa voix savoureuse, le français instille un sentiment de confiance qui nous fait clairement penser sur « La Ruée vers l’or » à son mentor Jean-Louis Murat ou à Yves Simon sur le très réussit « Lucide Naiveté ».

Plus électronique sur « Vert Pomme » et « La Notice », Matt Low se rappelle rapidement à nous grâce à cette voix qui nous résonne en tête avec une puissance sourde. Solidement ancré dans un folk, le français s’essaye parfois à une expérimentation électro sans jamais perdre son âme auvergnate avec une délicatesse qui n’en fini pas de nous cueillir par son universalité et sa fraîcheur. Travaillant ses sonorités, Matt Low nous enivre de sa science de la mélodie qu’il transporte dans un tout frissonnant de délicatesse. Il y a du Delerm dans cette lenteur et ce phrasé qui nous donne à voir un artiste à l’intimité douce. Il nous plonge dans une sorte de film noir et blanc à la lenteur nostalgique qui nous pousse à l’introspection. De sa voix granuleuse, Matt Low nous hypnotise de son talent de conteur dans une instrumentation au folk indélébile et diablement bien écrite.

Dans un folk qu’il maîtrise à merveille, Matt Low construit des monuments pop sans s’en donner l’air avec une simplicité désarmante. Il y a une approche assez hors du temps dans cette musique qui joue sur les harmonies lentes pour mieux nous embarquer dans un univers à la beauté ensorcelante. Travaillant avec bonheur une matière musicale qui n’en fini pas de nous faire frissonner, l’auvergnat ne refuse aucunement la modernité mais l’intègre à un background à l’emprise solide et artisanale. On est complètement bouleversés par cette musique. Se laissant le temps, Matt Low ne cherche pas le tube à tout prix mais prend le temps de proposer des compositions qu’il feuillète doucement et que l’on se plait à admirer.  

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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