/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 25-09-15

La Grande Sophie – « Nos Histoires »

Artiste reconnue et récompensée pour ses précédents albums, La Grande Sophie fait maintenant partie des références de la fameuse « nouvelle scène française ». Au travers d’un 7ème album intitulé « Nos Histoires », elle met de côté sa fougue légendaire pour un rendu beaucoup plus intimiste proche de la confidence. Éminemment personnel, ce nouvel album apparaît être l’un de ses meilleurs.

Pourtant dès le premier titre « Les Portes qui claquent », la Française semble se placer dans la continuité de ses précédents opus. Pop sautillante et claire aux refrains secs et sobres, La Grande Sophie nous conte ses désillusions dans un dépouillement fin et élégant. Au travers d’une composition aux finitions très travaillées, elle nous plonge dans son univers acoustique clinquant qui est depuis ses débuts sa véritable marque de fabrique.

C’est véritablement sur « Ma Colère » que l’artiste sort pour ainsi dire du bois. Beaucoup plus noire et sombre, dans une composition n’hésitant pas à utiliser des sonorités saturées, elle transforme sa voix pour un rendu des plus denses. Presque véhémente et au travers d’une approche révoltée, elle semble contenir une rage qu’on ne lui connaissait pas. Dégageant une vraie puissance rock, elle impressionne de son débit rappelant Mickaël Furnon (Mickey 3D), de cette irrévérence bienvenue qui vient casser quelque peu l’image proprette de la jeune française.

Intégrant progressivement des boucles électros dans des compositions recherchées, elle nous impressionnent sur l’envoûtant « Hanoï » ( en référence à la dernière ville de sa précédente tournée) ou sur un « Maria Yudina » sensible et porteur. Ne cessant de se réinventer sur ses titres, elle assemble beauté du texte et mélodies enivrantes dans des compostions fourmillantes d’idées. Vibrante, rock et puissante elle donne à la pianiste russe un écrin taillé à sa mesure d’où transparaît une véritable fascination pour ces luttes, pour ces gens qui ne se soumettent pas. Frissonnante, elle nous abreuve d’un titre fleuve qui ne laisse pas indifférent.

Poussée par différentes rencontres notamment celle avec Jeanne Cherhal au piano sur « Tu Dors », elle se lance dans le grand bain avec appréhension mais réussite. Nous faisant frissonner sur ce titre doux et nu, elle y instille une délicatesse personnelle qui semble fendre la carapace et nous servir son vrai visage. Collaborant avec l’écrivain Delphine de Vigan, elle nous propose un « Je n’ai rien vu venir » doux et entêtant extrait de la lecture musicale « Un jour sans faim ».

Le reste de l’album reste pourtant sans surprise notoire, diffusant des titres à la pop beaucoup plus policée et au relief amoindri. Que ce soit sur « La Maison des Doutes », « Mille visages » ou « Depuis le 11 mars », La Grande Sophie semble essoufflée par son premier sprint qui l’a vu proposer 4 tubes en puissances. Parfois mièvres, touchant du doigt une variété sympathique mais loin des sommets du début d’album, ces derniers titres font pâles figure.

« Nos Histoires » marque pour La Grande Sophie un véritable cap. Prenant une nouvelle dimension, elle s’extrait de son univers original en dépassant ses peurs et nous propose un album aux titres hypnotiques et enivrants. Malgré une fin d’album un peu terne, ce 7ème opus semble l’un des plus personnels de la Française qui se plait à nous partager ses émotions, ses coups de gueule dans une forme de confidence superbement mise en musique. Une véritable sincérité se dégage de cet album libre et simple, cristallin et sans chichi qui vite nous émeut. Album à la sobriété étincelante, « Nos Histoires » fait parti de ces grands opus dont on s’approprie rapidement les chansons. Bravo!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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