/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 12-11-21

IDLES – « Crawler » : La Chronique

Et de 4! Dans une esthétique toujours aussi brutale et vitupérante, les anglais de IDLES nous proposent un 4ème album inventif et carnassier. Bousculés par la pandémie, les 5 gars de Bristol soignent leur retour dans un « Crawler » vertigineux et énergique. Débordant de vie, cet album nous entraine dans la poésie d’un groupe au faîte de son art. Dans un mélange de rock, soul et électro les anglais s’ouvrent à d’autres voies tout en gardant cette puissance granuleuse qui fait de IDLES LE groupe de rock par excellence. 

Vernis électronique à la rudesse assumée, l’instrumentation de « MTT 420 RR » possède les atouts de cette moto racée dont il est question. Semblant arrêter le temps, ce premier titre nous entraine dans un mélange rock / électro sur lequel Joe Talbot pose sa voix inimitable. Background lourd et pesant, le morceau tire son titre d’une expérience vécue par le chanteur lorsqu’un motard a frôlé sa voiture à pleine vitesse. Avec cette capacité à puiser dans une gravité rude, les anglais de Bristol dessinent un hymne à la tranquillité fragile qui monte progressivement en puissance. Dans une atmosphère au rock ruisselant , IDLES donne à voir une nouvelle facette de leur talent. Cultivant une approche entre douceur et fermeté, ils construisent un titre qui explose en une gerbe électro à la rondeur étonnante.

A l’image de leur parcours chaotique, les anglais dessinent une fois de plus dans des titres comme « The Wheel » ou « When the Lights Come On »  une musique écartelée mais toujours cohérente. On y retrouve cette vitalité et cette urgence qui resplendit dans nombre de leur production. Activant avec une énergie folle un rock des plus atypique, les anglais nous entrainent dans une ode à la vie malgré ses embuches et ses blessures. on y retrouve cette puissance surannée, cette expérience d’un rock lumineux et cabossé aux sonorités primaires mais toujours pris dans un élan vital. Croisant le fer avec leurs guitare, batterie, basse, les anglais n’en finissent pas de se transformer dans un album guidé par la fragilité d’une vie éprouvée par la pandémie.

Il y a chez les anglais une capacité à nous offrir sous des dehors très rugueux des titres à la profondeur folle. A l’image du titre pivot de cet album intitulé « The Beachland Ballroom ». On est comme aspiré par cette voix qui prend toute la place et progressivement nous entraine dans l’âme d’un groupe à la complexité assumée. Pratiquement soul sur ce titre, Joe Talbot nous impressionne de sa capacité à transformer un titre rock en une soul dégoulinante d’énergie. Il ouvre la voie à une fin d’album beaucoup plus lumineuse. Vivant et puissamment inspiré, IDLES nous impressionne de leur capacité d’adaptation tout en gardant une personnalité forte et addictive. 

Mêlant le lumineux et le sombre dans une énergie détonnante qui nous cloue de son audace sonore la fin d’album fait revenir progressivement une lumière qui apparaissait bien terne dans les premiers titres. Audacieux sur « Progress » dans un tout au chaos électronique et industriel, les anglais construisent une oeuvre d’art à la puissance folle. Travaillant une instrumentation qui leur ressemble peu, IDLES réussit à faire surgir l’inattendu dans un titre au mantra addictif. Construit dans un magma sobre et touchant, ils nous soufflent de leur capacité à modeler leur univers sonore avec une aisance rare.

Véritable tempête rock, ce « Crawler » est en synthèse ce que l’Angleterre fait de mieux en rock à l’heure actuelle. Profond et superbement construit, cet album confirme le talent et la qualité des production de IDLES. Plongé dans une esthétique rude et sans filtre l’auditeur se laisse entrainer dans un méandre énergique. Cultivant une sorte de classe à l’anglaise mâtiné d’une violence sèche, ils dessinent une nouvelle fois un album à nulle autre pareil possédant une véritable âme et une personnalité forte. Il y a chez IDLES une volonté de mettre en bouteille une vie tonitruante qui ne cesse de déborder de ces titres puissants et vertigineux. 

Note : 9.0/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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