/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 21-05-20

Grand Parc – « Pull Noir »

Originaires d’Hérouville Saint Clair, le duo Grand Parc nous revient dans un EP superbement ciselé intitulé Pull Noir. A l’image de cette ville nouvelle qui a vu le jour dans les années 60, les français nous proposent une variété revisitée à l’aune d’une expérimentation vocale et mélodique qui nous laisse bouche bée par son audace et son approche unique. Travaillant un esthétisme qui n’en finit pas de nous faire tourner la tête, les français bousculent les codes pour un 5 titres qui fera date. 

Grand Parc - "Pull Noir" : La chronique

Chez Grand Parc, il y a dès les première notes une sorte d’esthétique rock extrêmement dépouillée qui nous claque de suite aux oreilles. Avec un sens de la composition, le duo envahit notre cerveau d’une musique atypique à la frontière entre pop, expérimentale et chanson française. Travaillant des sonorités superbement rondes, les français dessinent sur « Souvenir » ce qui apparait vite comme une composition au dessus du lot. Dans un design fou qui transpire dans chacune de leurs compositions, ils nous entrainent dans leur univers unique qui les voit se transformer en chantre d’une chanson française parfois trop conservatrice. Dépoussiérant le style sans tomber dans le stéréotype du low-fi nonchalant, Grand Parc esquisse avec beaucoup d’esprit une musique savante et joyeuse qui fonctionne extrêmement bien.

Il y a chez les normands cette volonté de triturer une variété française pour mieux la transcender dans des compositions hautes couture à la rondeur exquise « Sur les toits ». A l’image de cet EP dont chacune des compositions est très soignée, la musique des français touche du doigt une sorte de perfection musicale impressionnante qui les voit utiliser avec esprit une musique très connoté dans un tout dynamique et changeant. Nous propulsant dans une atmosphère musicale singulière, Grand Parc n’a pas son pareil pour dessiner une variété exquise et délicate loin des clichés du genre.

Assumant parfaitement ce côté Schweppes dans des compositions qui ne sont pas toujours simples au premier abord, le duo réserve à ceux qui persévèrent une magie sans égal. Jouant avec précision de leur claviers, ils n’hésitent pas à tutoyer une ligne rouge parfois expérimentale pour mieux nous entrainer dans une musique frissonnante et parfois dérangeante qui fonctionne à merveille. On se laisse prendre au jeu de cette oeuvre d’art plasticienne qui ne dit pas son nom. Avec soin, les français s’opposent au tout venant pop et composent une musique irrégulière et atypique. Avec un soin tout particulier, ils construisent leur propre style dans un mélange pop, choral qui n’appartient qu’à eux. Jouant sur les antagonisme et les faussetés délicates, le groupe n’en finit pas de nous surprendre et de nous embarquer dans un EP qui révolutionne notre approche d’une pop commerciale.

Perdus dans ces claviers ronds au vintage poussé, les compositions de Grand Parc dérivent dans un espace flamboyant. Avec un sens de la composition, le duo construit des titres flottants qui n’en finissent pas de nous remettre en question. On aime de suite cette audace dans le choix des normands. Loin de vouloir plaire à tout prix, le duo construit sa légende au travers de compositions superbement mises en valeur par leur capacité à innover à chaque accord dans un tout brutalement beau. Il y a une sorte de mélange entre musique concrète et pop sur cet EP qui n’en fini pas de nous plonger dans un noir mat et profond dans lequel on perd rapidement ses repères. Avec grâce le duo fomente en quelques titres une sorte de nouvelle approche d’une pop entre peur et émerveillement qui nous fait rapidement tanguer. Il y a du Bjork voire du Meredith Monk dans cette façon de façonner la matière musicale. On en ressort chamboulé et persuadé que ce « Pull Noir » marquera son temps.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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