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Date d'ajout : 24-09-18

Grand Blanc – « Image au mur »

Né à Metz il y a maintenant quelques années et encensé par la critique pour un premier album foudroyant, Grand Blanc nous revient dans un nouvel album qui pourrait, au premier abord, apparaître comme plus sage. Que nenni! Ouvrant un peu plus leur spectre musical, les français nous délivre un « Image au mur » en forme de retour assumé à une pop 80’s pleine de ces mélodies puissantes et enivrantes baignées dans une instrumentation à l’électro dominante mais pour une fois proche par moments d’une pop un peu plus feutrée.

Grand Blanc - « Image au mur » : La chroniquePour preuve ce premier titre intitulé « Les îles » où, dans une electro pop au feutré toujours tranchant, les français nous délivrent un premier titre apaisé à la pop dahotienne qui nous entraine sur les rivages d’une musique à la fois douce et exigeante. Dominant de leur vision 80’s, les Français se plaisent à y intégrer les sonorités actuelles pour mieux chambouler les normes. C’est ainsi que le rock n’est pas loin sur le dynamique « Belleville ». Dans une pop syncopée, ils nous proposent une composition pleine de cette approche puissante et calibrée qui a fait leur réputation. On retrouve cette fois ci un bout du punk et de la new wave qu’ils montraient en forme d’étendard sur un premier album soufflant. Revendicatif dans un titre sec et osseux qui nous casse de suite la tête, les Français se plaisent à nous bousculer dans une pop qui prend au fur et à mesure du temps de plus en plus de matière pour un rendu au dynamisme transcendant.

Jouant sur les sonorités tordues et cassantes, les Français renversent la table à grand coup de pompe pour mieux nous entraîner dans un mélange rock et hard electro qui bouscule pleinement nos habitudes. À l’image du tonitruant « Los Angeles » qui, sous des dehors de pop calme, nous plonge rapidement dans un décor à la violence folle. Rythmé et superbement construit, le titre multiplie les bonnes idées pour nous enivrer d’une sonorité à la puissance rare, mélange lucide et intelligent d’une violence rock et de la froideur electro. À travers ce titre débordant de vitalité, les membres de Grand Blanc affichent une fois de plus leur position en marge d’une scène parfois un peu mièvre. Mélange réussit d’une Christine & the Queens pleine d’ecstasy et d’un Bagarre tonitruant, ils nous emportent avec délectation dans cette approche unique.

Froidement, la musique de Grand Blanc vient occuper l’espace avec une science musicale rare. Les voix de Camille et Benoît se complètent pour un rendu frissonnant où les mélodies se laissent apprivoisées. Cultivant une pop rugueuse, les Français bousculent une culture de l’excellence et du paraître sur « Des gens Biens » où la sobriété et l’analyse froide nous emporte dans leur excellent travail. Il y a une sorte de puissance sous jacente sur ce titre où la gravité des voix amorce une approche plus pragmatique d’une pop à la rondeur coupante cachant comme le fait croire le titre, une fausse stabilité une vision d’un paraître de guingois complètement assumé. 

Que cela soit sur la pop déglinguée au psychédélisme electro de « Rêves BB rêve » rappelant brièvement Animal Collective ou le bouillonnante et diablement addictif « Image au Mur », Grand Blanc construit avec sincérité une electro pop qui n’appartient qu’à eux. Plein de ces sonorités rappelant le flashy des années 80, les Français nous délivrent des titres rappelant beaucoup les début d’un Etienne Daho ou d’Indochine (notamment sur l’explosif « Dans la peau »). Chez Grand Blanc, le punk se planque derrière cette pop clinique aux sonorités claquantes qui nous transportent dans une sorte d’univers entre rock, pop et electro vite addictif.

Jouant sur les effets de voix et de stéréo, les français usent de tout les subterfuges pour mieux ancrer leur musique dans un quotidien toujours plus violent. Même assagit (malgré une approche souvent beaucoup plus dynamique que la plus grande partie de la scène pop française), les Français n’en demeurent pas moins impactants dans leur approche d’une pop insolente et sans quartier qui ne cesse de se transformer à chaque mesure. Utilisant des sonorités souvent coupantes, ils dominent leur art avec un sens aiguë de la composition musicale. Musique millimétrée dans l’approche vocale, les français jonglent avec les mots et les rythmes pour mieux nous entraîner dans leur univers ou le rap vient questionner une pop electro rude et sobre. Construisant des bijou de puissance au travers des titres tous plus impactants les uns que les autres, Grand Blanc prouve avec envie qu’il est encore possible de surprendre.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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