/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 11-04-18

Feu! Chatterton – « L’oiseleur »

Véritables révélation de la nouvelle scène française en 2014, les Feu! Chatterton nous reviennent plus étincelants que jamais au travers d’un nouvel album intitulé « L’oiseleur ». Construisant au fur et à mesure des 13 titres que composent cet opus un univers atypique, la bande d’Arthur Teboul nous saisit de sa chanson française littéraire et explosant d’une poésie pleine de vie. On est comme transporté un peu plus dans cet univers qui au fil des titres ne cesse de s’enrichir.

Feu! Chatterton - « L’oiseleur » : La chroniqueLa force de Feu! Chatterton est de produire une musique loin des canons du genre tout en créant autour une véritable addiction. Prose synthétique, roman musical, les formes et les mots se mélangent à l’écoute du premier titre de cet album « Je ne te vois plus ». Les français nous emportent dans une contrée où la poésie est partout et ne cesse de nous impressionner. Sur un background enchanteur et sous tension, on écoute cérémonieusement Arthur Teboul dérouler sa prose avec sa verve d’antan et cette façon unique qu’il a de nous envoûter par une fiction hors du commun.

Transpirant le chef d’oeuvre à chaque accord, la musique de Feu! Chatterton ne cesse de se transformer en une créature brutale et puissante. Il y a chez les Français cette facilité déconcertante à proposer des mélodies hors du commun, à nous enivrer de quelques détails à l’instrumentation travaillée. Usant d’une pop à l’orchestration millimétrée, Feu! Chatterton réussit à imposer son flow presque improvisé qui de suite nous capte. Ainsi puissant et racé, un titre comme « Grace » renvoie tout les autres groupes de chanson française dans les cordes d’un amateurisme fade tellement cette musique répond à tous nos besoins.

Les parisiens sont passés maîtres dans leur façon de transformer une chanson française en un thriller théâtralisé d’où l’on ne sort pas indemne à l’image de « Souvenir ». Jouant de gimmicks extrêmement bien pensés, travaillant un placement de voix fulgurant et audacieux, ils nous entraînent sans forcer dans des compositions à la classe insondable. Véritable conteur à l’image d’un Thomas Fersen dont il a hérité de la voix, Arthur Teboul rend de suite ringard toute forme de variété. Avec Feu! Chatterton la variété se rêve puissante et excessive loin du côté lisse des productions actuelles. On est subjugué une fois de plus par cette approche unique et diaboliquement addictive.

Prolongeant leur musique dans les veines d’un rap au flow puissant, Feu! Chatterton en profite pour nous emporter dans des compositions puisant dans l’esthétique rap avec bonheur « L’ivresse ». On y retrouve cette fois-ci un brin de Orelsan avec cette façon de balancer des vérités au travers d’une instrumentation minimaliste. Travaillant un background sonore extrêmement fouillé Feu! Chatterton apparaît une fois de plus à l’aise avec un style qu’ils construisent pierre par pierre en adoptant un sens aigu de la mise en scène. Car non content de nous impressionner sur une instrumentation aux petits oignons les français maîtrisent à la perfection la théâtralité de leur prose.

Que cela soit sur « Tes yeux verts » ou « Zone libre », Feu! Chatterton multiplie les audaces et les titres enivrants aux mélodies entêtantes en gardant toujours cette force unique. Théâtralisant avec intelligence une pop aux contours mélodiques, Feu! Chatterton ne cesse de nous éblouir de son audace et de son univers atypique qui ne ressemble à rien d’autre. Puissant et rabelaisien, la musique des parisiens se repaisse de compositions grasses et sobres aux nuances exacerbées. Dessinant une approche à la fois folle et raisonnée, Feu! Chatterton nous transporte dans un univers unique mélange d’une instrumentation débridée et d’un personnage fort en caractère qui ne cesse de transformer la variété en une œuvre d’art excessivement addictive.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


Copyright : Quai Baco Stimuli - Mentions légales - S'abonner - Contact Pro - contact@quai-baco.com - Quai Baco Production