Son « Cryland » avait marqué les esprits en 2007, et pas des moindres : les Blacks Keys et Ben Harper l’avait invité à faire leurs premières parties. « Temperamental », le nouvel album de Don Cavalli était donc attendu. Peut-être moins révolutionnaire que son précédent opus, celui-ci se révèle tout de même fun, diablement efficace et groovy et superbement réalisé.

Don Cavalli est un as du bricolage. Pas le montage froid et et rigoureux d’une étagère vittsjö de chez Ikéa, mais plutôt la vieille chaise du grenier rafistolée avec 3 bois différents, ce qui lui donne ce charme indéniable. « Temperamental », c’est pareil : un espèce de patchwork de genres, avec en trame de fond un Delta blues suintant par tout les pores. On passe avec plaisir de la rythmique bluesy-funk de « Temperamental » au plus électro « Gonna Love You » ou à l’excellente coutntry de poche de « Garden of Love ».

Cet album, c’est un peu une grosse boîte ronde de Haribo aux couleurs flashy où l’on pique avec gourmandise. C’est fun, ludique et la voix riche et profonde de Don Cavalli fait merveille : le parisien est sans aucun doute plus soulman que ceux qui prétendent l’être, et son groove incroyable fait merveille sur les titres les plus blues, comme sur « Say Little Girl », en duo avec Rosemary Sandley du groupe Moriarty.

Niveau arrangements, on pense immanquablement aux bricolages de Beck. Un assemblage bordélique à souhait qui fonctionne à merveille, mélangeant allègrement les sonorités de variété américaine des 60’s, le gospel ou l’électro minimaliste, et alternant les plans de blues «classiques» avec des rythmiques déstructurées et groovy, le tout soutenant des mélodies souvent décalées ou interprétées à contre-emploi de leurs influences blues/soul. Un second degré délectable et omniprésent tout le long de l’album.

C’est donc cette alliance rétro-futuriste qui fait tout le charme de ce « Temperamental ». Avec Don Cavalli, on est un peu dans « Mars Attacks! » : il est le croisement à la fois de Tom Jones et des extraterrestres. Un mélange détonnant.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com