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Date d'ajout : 01-06-18

Brisa Roché – « Father »

Connu pour sa carrière débutée dans différents clubs de jazz parisiens, Brisa Roché a su nous surprendre à chaque nouvel album ou collaboration. C’est donc dans un nouveau style que l’américaine nous propose son nouvel album intitulé « Father ». Défini comme étant très personnel, ce 7ème opus voit Brisa Roché embrasser une folk entre pop et expérimentation qui rapidement nous colle à la peau. 

Brisa Roché - « Father » : La chroniqueAu travers d’un folk conventionnel sur « 48 », l’américaine ouvre ce « Father » avec soin et délicatesse. On se laisse prendre au jeu de ces harmonies enivrantes qui alimentent une musique douce et rugueuse extrêmement bien amenée. Secouant un style très codifié sur « Fuck My Love », Brisa Roché n’hésite pas à transgresser certaines règles pour rendre encore plus organique des compositions aux mélodies saines et entières. Travaillant une matière sonore à l’acoustique ronde, elle y insuffle une approche piquante qui fait un bien fou. On pense forcément à Rosemary Standley  (avec qui elle collaborée sur « The Lightnin 3 ») ou au phénomène Courtney Barnett dans cette façon de s’approprier une folk entraînante tout en gardant cette approche granuleuse.

La jeune Brisa Roché joue de son timbre de voix rare et diablement engageant pour  dessiner une approche à part dans le folk contemporain. Il y a derrière chaque composition de l’américaine, une force captivante excessivement bien dosée qu’elle réussit à imprimer. On découvre une artiste se suffisant de peu en terme d’instrumentation. Guitare/Voix et quelques percussions suffisent à donner au tout un air de magie, une sorte de plénitude folk qui ne nous lâche jamais « Cypress ». Mis en lumière par l’excellent travail de John Parish sur une instrumentation à la sobriété douce, Brisa Roché dessine une musique où l’on se plait à se perdre. Caressant une bande son aux mélodies simples et entêtantes, elle transforme chaque titre en hymne intimiste sorte de bande son d’un road trip poétique.

On retrouve chez la jeune américaine une mélancolie touchante de l’exil et du voyage  qui fonctionne à merveille sur des titres où chaque note apparaît spontanée et maîtrisé. « Engine Off » est à ce titre peut-être le plus à même de synthétiser l’approche de l’américaine. Touchante, mélodiquement au dessus du lot, elle virevolte lentement dans une instrumentation puissante et sobre à la fois où les voix sont mises en valeurs. On est emporté par cette vague folk sans commune mesure. Il y a une nudité parfois extrême dans les titres de Brisa Roché. Par moment sur l’instinctif  « Can’t Control » seule une guitare supporte sa voix fragile et cristalline qui nous hypnotise. Psalmodiant une composition où les mots se mêlent aux sons, elle impressionne de sa présence et de son aura qu’elle diffuse avec une luminosité brillante dans une composition qui ne cesse de nous envelopper.

Difficile de s’extraire de cet album tellement chaque titre nous prend aux tripes de part cette chaleur musicale et cette voix qui enveloppe. Il y a chez Brisa Roché une sorte de magnétisme proche d’un Kurt Vile ou d’une Courtney Barnett. Travaillant avec inventivité un folk toujours au top, elle nous transmet avec amour ses tristesses, ses doutes et mélancolies dans un package aux harmonies rares. N’hésitant pas parfois à faire intervenir une guitare électrique ou une batterie plus appuyée, Brisa Roché fait de l’instinctif sa marque de fabrique.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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