Quatuor ayant sorti un premier EP remarquable en mai, Aline (ex-young Michelin) nous revient cette année avec la sortie de leur premier album « Regarde le ciel ».

A l’image de leur pochette, les Marseillais d’adoption nous delivrent un opus sobre et sans fioriture lorgnant du côté de l’electro pop.

C’est avec un titre instrumental que s’ouvre cet album. Plutôt osé comme ouverture, « Les Copains » est plus qu’une introduction et donne de suite le ton de l’opus entre structure electro et musique pop.

Pourtant long ce morceau de 4’55 s’écoute très facilement, Aline redoublant d’astuces pour intégrer au fur et à mesures de nouveaux instruments sans pour autant rendre lourd l’ensemble. Un sentiment de légèreté et d’efficacité se glisse irrésistiblement dans cette musique.

On pense de suite à « Rectangle » de Jacno ou plus récemment à un soupçon de Air dans cette montée instrumentale qui n’en finit pas et ces mélodies entêtantes.

Très pop « Je bois et puis je danse » (véritable tube de l’album et déjà repéré sur leur EP sorti en mai) mêle habilement une ambiance French Touch style Sébastien Tellier à une pop acidulée proche d’Etienne Daho, Aline se permet un mix très réussi. Très pétillant voire lumineux à certains moments, les arrangements et la voix baignée de reverb, rendent l’ambiance atmosphérique lorgnant sur le son 80’s via ces guitares funky et cette basse slap.

Ces deux premier titres passés, la magie opére beaucoup moins sur « Maudit  » ou « Il faut partir » qui paraissent un peu plus faibles. Toujours très soignés au niveau de la production, les morceaux deviennent un peu trop systématiques en terme de structure et d’arrangement.

Ainsi sur « Teen Whistle », morceau pop par excellence, l’utilisation d’un son de batterie plus rock et de réelles bonnes idées telles l’utilisation d’une flûte à bec ne suffisent pas à rendre le titre impactant.

Mais c’est réellement à partir du titre « Elle et moi » que l’opus prend toute sa dimension.

C’est dans ce morceau que se forge le son d’Aline. Ce titre semble être une synthèse très réussie de ce que le quatuor a voulu nous faire passer dans le début de l’album. Ce mélange de sons très 80’s portés par des mélodies entêtantes sur des arrangements léchés atteint ici son paroxysme. A la fois pop puis rock tout en intégrant certains codes de l’electro, ce titre rassemble ces différents éléments pour en ressortir un son, une ambiance, une atmosphère claire qui fait la marque de fabrique des Marseillais.

Morceau instinctif par excellence, on ressent une composition naturelle sans ligne directrice et garde fou. Ils réussissent à synthétiser leurs différentes influences sous la forme d’une vision propre. Impressionnant.

Ainsi, plus on avance dans l’écoute et plus les titres semblent avoir été réalisés d’instinct, sans calcul, faisant ressortir la véritable identité d’Aline. Suite à « Elle et moi » , « Elle m’oubliera » (superbe fin guitar hero), « Voleur » (pétillant et entêtant à souhait) ou « Regarde le ciel » (une véritable tuerie) suivent la même voie : celle que l’on aurait aimer entendre dès le début de l’album.

Travaillant sur le créneau archi saturé de la pop revival année 80, Aline tire extrêmement bien son épingle du jeu via ce premier opus sucré, pétillant et riche d’un talent qui n’est plus à démontrer.

Certes, cet album peut parfois sembler un peu inégal en terme de composition, mais on devine aisément une identité et un son qui leur est propre.

Gageons que les prochains opus gagnerons en stabilité et seront du même acabis que cette dernière partie très inspirée!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com