/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 25-04-17

Alexia Gredy – « L’habitude »

Originaire d’Alsace, montée à Paris pour ses études de droit, c’est tout d’abord dans le mannequinat que la jeune Alexia Gredy s’est distinguée. C’est ensuite naturellement qu’elle s’est tournée vers la chanson avec en ligne de mire ce premier EP à la pop fragile. Superbement bien entourée (Baxter Dury, Geoff Barrow ou Aline), elle nous offre un « L’habitude » qui fera date.

Il y a chez Alexia Gredy ce côté insouciant, cette approche d’une variété pop française qui atteignit son apogée dans les années 70. Doucement, via sa voix vaporeuse, la jeune française ouvre ce premier EP dans une atmosphère de coton pop qui vite nous éblouit. Puissante dans un background bondissant, la pop de la française se plait à sautiller de mélodies en mélodies puisant ses ritournelles dans une musique mêlant une électro sage et un pop rock feutrée. Jouant d’une nonchalance et d’une certaine froideur propre aux mannequins, elle dessine une pop à l’esthétisme chaloupé et intransigeant.

Douce et virevoltant, délicate et synthétique, « Diabolo Menthe » reprise d’Yves Simon prend sous sa direction des allures de vaisseau pop excessivement bien construit. L’instrumentation est folle et rigoureuse donnant à ce titre une deuxième fraîcheur. Alexia construit une pop electro aux nuances fragiles et subtiles. Jouant avec les couches instrumentales, elles les multiplient sans jamais nous écraser de nappes envahissantes. Non, chez la jeune française chaque sonorité trouve sa place et l’on se sent vite imprégné de cette musique douce égrenant une rêverie enfantine.

Vite cataloguée dans cette nouvelle vague française faisant la part belle aux années 80 (Juliette Armanet, Fishbach,…), Alexia Gredy semble sortir du lot. En effet, à l’inverse de ces artistes, Alexia ne copie pas l’instrumentation mais plus la philosophie. Elle nous imprègne ainsi d’une variété à l’insouciance lumineuse qui atteint sa cible à chaque mesure.

Éblouissante sur « Mon rêveur », Alexia nous enveloppe dans un univers au swing fou voire de Soul 70’s qu’elle fait resurgir au détour de titres aux instrumentation mêlant acoustique et électro dans un tout digne d’un Gainsbourg. On retrouve d’ailleurs cette patte dans ce titre où la basse entêtante et ronde à l’excès se mélange à cette voix à la fragilité esquissée. Tout respire le talent chez la jeune française. La pop est feutrée et diablement addictive, les mélodies sont douces, le tout se plaît à titiller un swing déluré. Dans une composition mêlant couleurs vives et pastel, Alexia Gredy fait grandir une pop à la fois simple et travaillée.

Dans une sorte de minimalisme brusque au swing enveloppant, Alexia Gredy construit son univers avec un sens inné d’une instrumentation posée. Sobriété de mise, « L’habitude » nous obsède à sa façon de mettre en avant des riffs et autres gimmick avec un sens entendu d’une pop classique. Alexia Gredy y glisse sa vision d’une pop à l’électro très présente gardant en elle une accroche très acoustique. Rappelant dans son approche la variété pop d’une Marie Laforêt, la pop contemplative à l’orchestration saine et subtile de ce premier EP nous met en joie!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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