Longtemps dans l’ombre de bon nombre d’artistes, ce n’est que depuis 2003 qu’Albin de la Simone est passé sur le devant de la scène. Il nous revient en ce début d’année avec son 4ème album « Un Homme » sorti sur le label Tôt ou tard.

Il y a ce côté très enfantin dans la musique d’Albin presque ludique le rapprochant en ce sens d’Alain Souchon. Toujours très délicat dans ses orchestrations, il nous fait part de ses émotions en filigrane comme sur le titre d’ouverture « Mes épaules » où, se mettant en scène, il livre avec pudeur son angoisse d’être papa.

Une certaine maladresse totalement touchante transparaît de cet opus. Albin semble douter à chaque note et c’est ce qui nous le rend attachant.

À travers des textes fort bien écrits, touchant des thèmes peu convenus et intimistes : « Mort en plein air » ou « Tu vas rire », il y a toujours ce je-ne-sais-quoi de retenue qui au début plait énormément mais semble devenir rapidement un handicap pour l’originaire d’Amiens. Nuancé à l’extrême, on regrette un peu ce côté lisse au premier abord, ce côté pastel et transparent qui voile chacune de ses chansons.

Pourtant les arrangements sont somptueux, fins, délicats. Chaque chanson est une pièce d’orfèvre. Maîtrisant comme personne tout instruments à clavier, il réussit un mariage parfait entre douceur et rudesse sur un titre comme « Ma Crise » aidé en cela de la guitare de son pote JP Nataf.

Certaines fois un peu pompeuses comme sur ce duo avec Emiliana Torrini, les chansons d’Albin restent tout de même très fines et discrètes dans l’ensemble. On ne peut s’empêcher de remuer la tête sur ces mélodies efficaces. Il n’y a pas chez Albin de la Simone une prétention, une pédance ou suffisance, non, seulement des titres plus charmeurs les uns que les autres qui, le temps d’une écoute, nous restent en tête comme sur « Ici hier » que l’on se surprend à siffloter.

Dans la droite ligne d’une chanson française de qualité, Albin de la Simone traîne sa voix mal assurée, terriblement touchante à travers 10 titres très bien écrits. On regrettera le manque de relief et le côté trop pastel des compositions qui de discrètes en deviennent certaines fois presque transparentes. Reste un compositeur hors norme maniant la nuance et la délicatesse dans chacune de ses compositions.

Arnaud Le Tillau
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