La sortie d’un album de Phoenix est avant tout un évènement mondial. Conçu dans une période troublée, « Alpha Zulu » porte en lui un retour au source rassurant. Construit dans une approche très électro, ce nouvel album dénote de ses prédécesseurs. Au travers de 10 titres superbement produits, les français nous proposent un opus à la pop enlevée et puissante. Dans une élégance toujours de mise, Phoenix confirme son talent dans un ensemble de compositions aux productions précises et dansantes qui fonctionnent à merveille. 

Survivants d’une des premières vagues de la French Touch, les versaillais savent toujours y faire et nous le démontre sur ce premier titre éponyme. Ils nous rassurent de suite de leur capacité à produire une fois encore des tubes. Sur une musique à la pop joyeuse, les versaillais construisent une électro simple et colorée aux gimmick capiteux. Dans une élégance toujours aussi raffinée, ils nous proposent un titre entrainant, dansant et teinté d’un groove qui nous happe. Porté par un clip simple et génial en forme de clin d’oeil au lieu d’enregistrement (Le musée des arts décoratifs de Paris), les français nous enivrent dans une première composition en forme de sans faute. 

Pandémie, incendies, mort prématurée de leur producteur (Philippe Zdar), cet album construit dans une période sombre donne à voir un groupe heureux de se retrouver le temps d’un enregistrement. Dans le cadre d’un retour au source nécessité par la pandémie, Phoenix renoue sur « Tonight » avec leurs titres des débuts. Dans un mélange électro pop à la production millimétrée, les versaillais nous entrainent dans un titre à la pop léchée et enivrante. Retrouvant pour un temps les machines le groupe nous propose des titres plus électro que les précédents albums. Dans une construction qui fait la part belle aux mélodies entrainantes, ils n’en finissent plus de nous enivrer de leur approche solaire d’une pop en constant mouvement.

Malgré une impression globale de pop entrainante aux envolées mélodiques, on ressent chez les Versaillais une crainte sourde qui s’épanouie pleinement sur un titre comme « Winter Solstice ». Ecrit entre les incendies et la sécheresse en Californie par Thomas Mars, ce titre porte en lui une noirceur assez inhabituelle pour le groupe. On y retrouve la peur de ce temps qui se dérègle et de cette planète qu’on maltraite. Dans un background très noir qui tranche complètement avec les titres habituels du groupe, Phoenix nous propose une composition dense et introspective. 

Beaucoup plus électro que les précédents albums, ce « Alpha Zulu » permet au groupe de retrouver ses sonorités des débuts. Obligés par la pandémie à reprendre en main leur enregistrement, les français font de cette épreuve une expérience enrichissante. Dans une musique qui fonctionne parfaitement aux déliés très chantants, les français nous proposent une pop virevoltante à l’électro très présente. Sans temps mort et pratiquement sans faute, les français construisent un album cohérent autant mainstream qu’élitiste. 

Nos coups de  : ALPHA ZULU, TONIGHT

Note : 8.0/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com