Emilie Zoé – « Hello Future Me » : La Chronique

Artiste suissesse protéiforme, Emilie Zoé n’en ait pas à son coup d’essai. Connue pour ses expérimentations pop et rock en Suisse, détentrice d’un prix aux Swiss Music Awards en 2019, la jeune femme n’en finit pas d’étoffer son spectre musical au travers d’un nouvel album mélange ambitieux et réussit entre une folk intimiste, une électro ronde et un rock saturé. Ce « Hello Future Me » confirme tout le bien que nous pensons d’elle.

Dès « Across The Border » , la jeune suissesse nous entraine dans un folk nu et enveloppant. De sa voix ronde elle pose les bases d’une musique à la sensibilité à fleur de peau. Nous accrochant de ses sonorités à la rondeur chaleureuse, Emilie Zoé nous berce dans une musique au souffle puissant qui nous dévore de ses courbes douces. A une époque où tout va très vite, Emilie Zoé met un point d’honneur à prendre son temps dans une musique qui sent bon les grands espaces « Parent’s House ». Ne s’interdisant pas une incursion dans un rock tranquille sur cette composition, Emilie Zoé trouve sa voie avec simplicité. On est conquis par cette capacité à transformer sa musique en un champs simple et léger qui nous emporte dans un univers à l’élégance chaleureuse. Sans en faire des tonnes elle construit simplement un folk rock de très bonne facture qui nous enveloppe de ses bonnes ondes.

Envoutante sur « Hello Future Me » à l’approche très classique, Emilie Zoé nous fait frissonner. Peuplé de cordes graves et d’arpèges de guitares, la musique de la jeune suissesse nous touche de son aura. Douce dans son approche, elle réussit à proposer une composition prenant son temps pour atteindre progressivement une sorte de climax frissonnant où les cordes nous font vibrer. Dans une mélodie qui n’en finit pas de nous tourner en tête, elle dessine une musique à la puissance sourde qui nous colle au corps. En près de 7 minutes on se laisse emporter par cette navigation jouant les montagnes russes sur une compositions où chaque vague nous renverse.

Modelant progressivement son folk à une approche beaucoup plus personnelle, elle gagne en profondeur et nous terrasse comme sur « Roses On Fire » mêlant , folk, rock et électro aux basses violente. Dans un tout au calme olympien , la suissesse nous impressionne de sa maîtrise musicale. Elle prouve sur ces différents titres sa capacité à d’adapter comme elle l’a toujours fait. Ainsi beaucoup plus rock sur « Apollo », elle met son grain de voix au service d’une instrumentation fulgurante. Transformant progressivement ses sonorités, Emilie Zoé nous impressionne dans un refrain mélodique à souhait possédant un parfum de Arcade Fire. On est vite aspiré par cette instrumentation qui ne se plie à aucun diktat et s’impose d’elle même dans un rock pratiquement symphonique à la légèreté enivrante.

Au sein d’un album montant progressivement en puissance, Emilie Zoé démontre avec brio sa capacité à creuser son propre sillon dans un folk rock volcanique. Avec audace, la jeune suissesse dessine une musique changeante et surprenante par son engagement. Tout en s’inscrivant dans la plus pur tradition folk, elle y apporte sa fraîcheur et une rondeur électronique qui par petites touches donne au tout une impression de facilité déconcertante. Il y a dans la musique d’Emilie Zoé une clarté, une brillance assez impressionnante. Dans une musique qui prend au fur et à mesure une profondeur lourde, elle nous envoute de sa capacité à lier intimité et grandiloquence. Bref, il y a chez cette femme ce je ne sais quoi de Cat Power lui permettant de passer du folk au rock sans trahir son univers.