/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 31-10-13

Arcade Fire – « Reflektor »

À part avoir vécu dans une grotte ces 6 derniers mois, difficile de ne pas être au courant de la sortie de « Reflektor » le 4ème album tant attendu (c’est peu dire…) d’Arcade Fire. Les montréalais nous reviennent donc plus motivés que jamais au travers d’un opus au style plus formaté mais toujours aussi impactant.

Premier single et déjà première déception. « Reflektor », titre à l’esthétique musicale discutable, nous abreuve d’une pop glacée pleine d’écho froid et sec. La bande se déplace dans une sorte d’ersatz de musique des années 80. Bien sûr l’énergie est là, les arrangements restent très bien amenés mais l’atmosphère générale semble beaucoup moins chorale qu’elle a pu l’être dans le passé.

Cette impression se confirme sur le deuxième titre de l’opus « We exist » à la basse très Michael Jackson dans un tout feutré et très syncopé. Travaillant beaucoup plus sur un rythme techniquement au point, les canadiens semblent mettre de côté leurs mélodies pourtant dantesques des précédents albums. Les couches s’amoncellent mais c’est toujours une sorte de pop sans âme qui en ressort, un peu standard et banale pourtant extrêmement bien travaillée. D’artisanat, les québécois semble être passés à l’industrialisation d’une musique maintenant reconnue et appréciée comme telle en y perdant une nuance extrêmement importante.

Puis arrive « Flashbulb » et ensuite « Here comes the Night Time » qui remettent en cause tout ce qui a été précédemment dit et pensé. Au travers d’un funk déjanté sur le premier ou reggae électro assez unique les canadiens creusent sans relâche le sillon qu’ils ont initié avec leur premier album. Dans un tout très (trop) hétéroclite, ils réussissent à planter un refrain démangeant nous faisant presque oublier la déception de ce début d’album.

Travaillés au cordeau, chaque titre semble être un laboratoire sonore dans lequel les canadiens intègrent toutes sortes de sons se rapprochant de MGMT dans ce côté psychédélique électro. Dansant, taillés pour la scène, les titres se suivent dans une surenchère de déconstruction. On a vite la tête retournée par ces parties s’enchaînant sans grande logique.

L’imagination débordante des canadiens semble sans limite nous proposant des titres alambiqués et dansant dans un déluge maîtrisé mis en lumière par une voix assurée. Arcade Fire semble inventer la musique de demain dans une pop foutraque mêlant sons synthétiques et instrumentaux mais parait pour la première fois se prendre les pieds dans le tapis en nous proposant un univers au noir clinquant et manquant cruellement de nuance et de chaleur. Les gars de Montréal sont un peu trop sur d’eux et nous propose un opus froid, rythmique. Bref décevant.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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