A force de baigner dans multiples courants musicaux qui vont du blues au gospel en passant par la soul, Grégory Porter s’est forgé une personnalité à part, si forte, qu’il est devenu impossible de le classer quelque part.

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Pour ce nouvel album, le baryton à la voix chaude et puissante opte pour des structures musicales qui débordent largement l’univers de jazz. Ballade mid tempo, titres swing au groove sensuel, l’homme au visage poupon, cagoulé derrière sa barbe noire, produit une musique aux sonorités en dehors du temps et des modes.

D’ailleurs il nous le prouve une fois de plus avec ces titres qui brouillent un peu plus les pistes d’un jazz faisant des aller-retours entre le rétro et l’avant- garde. Derrière ce piano qui fait corps avec la voix, ces arrangements cuivrés par le sax, l’alto et la trompette, le jazzman nous invite à pousser la porte d’un club de jazz enfumé ou jam torrides alternent avec de délicats pianos voix.

Tantôt les notes glissent et s’enfoncent vers les eaux calmes de la douceur avec une certaine saveur romantique. Tantôt elles dérapent vite en improvisations folles pour finir en feu d’artifice sonore. Gregory Porter fait partie de ces alchimistes sonores qui vous emmène toujours plus loin, vers des contrées musicales aux paysages fantasmagoriques où l’imaginaire de chacun peut vagabonder au gré de ses humeurs et de son rythme.

Certains titres tels « Free », « Musical genocide », « The « in » crowd » ou le puissant « Liquid Spirit » avec ces claquements de mains donnent une furieuse envie de se lever et de danser. D’autres plus apaisés, ressemblent à de longues plages musicales taillées pour les scènes intimistes avec ce piano envoûtant de Chip Crawford qui vogue au grès de l’instant.

Et quand on voit Grégory Porter sur scène comme les 11 et 13 septembre au cabaret sauvage dans le cadre du festival Jazz à la Villette, on est transporté comme hors de l’espace et du temps. Du grand art.

Jean-Christophe Mary