Originaires de Floride mais maintenant basés à New-York les américains de Crystal Stilts nous reviennent avec un 3ème opus intitulé « Nature Noire » aux sonorités sombres et très 70´s.

A l’image de cette pochette, la musique de Crystal Stilts se décompose en deux thèmes. La musique des années 70 et l’expérimentation pop. En effet, dès l’ouverture on entre de suite dans cette époque où les pattes d’eph et cheveux longs étaient de rigueur.

Excessivement psychédélique dans la forme et dans le fond sur « Spirit in front of me » ou « Star Crawl », les américains nous servent une musique aux allures de rêve après prise de LSD. Au travers d’un son cotonneux et sourd semblant sortir tout droit du cerveau d’un chaman ayant trop fumé, Crystal Stilts installe progressivement sa pop lente, à l’énergie dissoute et aux effluves psychotropes. Sons inversés, phases apparentes (notamment sur le très planant « Phases Forever ») , son électro des premiers temps, les américains traînent leur nonchalance mélodiquement au point.

Véritablement pop, il instillent un son très noir renforcé par la voix caverneuse et monocorde du chanteur. Ainsi sur « Stick and Stone », tranquillement, sans à-coup, on se prend au jeu de cette ritournelle sombre et tournante qui s’insinue rapidement en tête. Travaillant énormément leur son, on pense aux Doors sur le bien nommé « Darken the door » titre pop aux claviers vintage et aux échos profonds.

Pourtant on ressent comme une lassitude à l’écoute de l’album complet. En effet, dans leur recherche, les américains semblent nous noyer dans un univers noir sans variété , aux arrangements certes soignés mais manquant de piment.

Raison de plus pour apprécier les quelques parties expérimentales que le groupe dissémine sur certains titres. Semblant sortir tout droit d’un inédit des Beatles, ces éphémères sonorités ont un goût de « trop peu ».

Avec « Nature Noire », Crystal Stilts s’inscrit comme un défricheur de sons révolus nous présentant leur vision des années 70 en nous proposant des titres pop aux arrangements riches et en perpétuels évolution. Dans une approche semblable aux australiens de Tame Impala, les américains remettent au goût du jour un style un peu chargé à la sonorité Sépia.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com