Originaires du Var, Ulster Page tournent depuis maintenant près de 5 ans et suite à 2 premiers EP se lancent dans la réalisation d’un premier album intitulé « Memory ». Bercés de rock lourd, ils nous proposent un opus en forme de revival 90’s. Alignant avec talent des compositions à la puissance grunge, ils naviguent dans un rock acéré et dense se plaisant à reprendre les codes d’un hard rock quelque fois à l’excès.

Brutal et syncopé, le premier titre « In the explosion » porte terriblement bien son nom. Jouant sur un tempo élevé, les français rivalisent d’idées pour mieux nous faire apprécier leur power pop aux rythme tranchant. À l’aise dans un rock au rendu mainstream, cognant leur mélodies coupantes dans un tout rappelant les murs de son de « System Of The Down », Ulster Page nous abreuvent d’un premier titre à l’essence rock mais à la construction proche d’un morceau metal.

Chez Ulster Page, le rock se fait gras et nous rappelle ce hard rock des années 90’s. On est transportés dans une musique qui aurait pu à l’époque apparaître sur une compil du genre Réservoir Rock. On y retrouve ce soin dans le chant et cette force rock aux refrains puissants se sourcant dans un grunge acéré. C’est d’ailleurs à Nirvana que l’on pense à l’écoute du très bruyant « Memory ». Il y a de la sueur derrière cet album au rock massif qui ne s’embarrasse pas de nuances pop. Traçant leur toute dans une matière dense, les français nous proposent un album ruisselant d’un rock cogneur.

Guitares en avant scènes, solos inscrustés dans des compositions fleuves à la construction ne laissant que peu de place aux pauses « Straight In the Eyes », tout les voyants d’un rock alternatif puissants et granuleux sont au vert. Le résultat est un ensemble de compositions en forme de bloc rock sans concession « All or Nothing » que l’on se plaît à écouter d’une traite. Jouant sur les harmoniques, les français se plaisent à reprendre les codes d’une variété hard rock un peu oublié ces derniers temps pour le plus grand bien de nos oreilles. Aidés par une production sans faille mettant en avant ces harmonies folles, Ulster Page creuse avec ferveur un sillon au rock lourd et acéré.

Au fur et à mesure de l’album, cette musique à la rage intacte s’émousse pourtant un peu, à l’image des sous dimensionnés « Blue » ou « Eternal Candie » où la ligne rouge de la caricature semble sur le point d’être franchie. Un peu stéréotypée sur ces titre, la musique d’Ulster Page enchaîne sans grande conviction des parties intense à l’excès où les voix lead aux aiguës vite énervant finissent par nous perdre.  Heureusement, le groupe se rattrape rapidement au travers d’un « Beyond » en forme de retour aux affaires.

Réussissant sur chacune de ces compositions à insuffler un rock porteur, les varois se plaisent à multiplier les mélodies et les riffs de guitares pour mieux nous immerger dans un univers soufflant le chaud et le froid au travers d’une instrumentation étudiée. Ronronnant sur certains titres, la musique des français a le mérite de dépoussiérer avec un talent hors du commun un style qui a fait les belles heures des années 90.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com