/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 06-11-21

Tim Linghaus – « Memory Sketches II » : La Chronique

Né en RDA au début des années 80, Tim Linghaus retranscrit depuis maintenant 3 albums son enfance au travers d’un piano solo délicat. Ce nouvel album intitulé « Memory Sketches II » continue son introspection et son dialogue avec une enfance à la mélancolie sobre et touchante. Dans une suite de 11 titres instrumentaux, Tim Linghaus dessine une nouvelle fois son enfance dans un pays qui a disparu. Possédant la mélancolie de l’exil, de ces moments que jamais on ne pourra revivre, cet album sublime un piano solo à la lenteur terriblement addictive. 

Il y a dès le premier titre « Running To School With S » une beauté intransigeante et enfantine dans cette musique à la sobriété délicate. Sous des dehors à la simplicité désarmante, l’allemand nous entraîne dans une musique à la mélancolie folle et au phrasé coulant. Dominant son art avec un sens aiguë de la construction, ce premier titre est une ode à l’enfance et au temps qui passe. On se laisse pénétrer par ces mélopées douces et sinueuses. Dans un concert de bonnes ondes et dans une sobriété sans faille, Tim nous emporte dans un univers au piano solo extrêmement introspectif.

Jouant avec les équilibres entre piano et cordes sur « Sommersturm » ou « Because You Were The Universe » Tim Linghaus nous enivre de sa poésie pianistique sans jamais nous prendre à défaut. On se laisse guider par cette ligne claire qu’il réussit à entretenir tout en se permettant l’ajout de sonorités plus électro à la discrétion lumineuse. Travaillant une approche toujours sincère, il nous saisit de sa puissance lente et mesurée. Avec une approche très précise , l’allemand se plait à à capter le son du piano sans supprimer les bruits liés à la mécanique de l’instrument. Le rendu est une sorte de plongée acoustique dans une atmosphère sans fard.

Il y a un souffle chaud et complètement acoustique qui nous enveloppe dès les premières notes de chaque titre. Ces enregistrements où surgissent les sons épars de la mécanique nous transmettent une émotion forte. On se sent emporter par cette musique qui ne cache pas ses défauts et met en avant une approche brute d’une musique à la poésie enchanteresse. Grave et sobre, la musique de Tim Linghaus n’en finit pas de jouer sur les nuances de la mélancolie.  Dans une sorte de cocon feutré, le musicien fait émerger sa musique d’un brouillard doux qui nous touche.

Intégralement peuplée d’un piano aux lenteurs apaisantes, la musique de Tim Linghaus navigue entre intimité puissante et grandiloquence timide. Il y a dans la musique de l’allemand cette délicatesse dans les geste et les sons qui ne nous lâche à aucun moment. Terriblement envoutante sa musique réussit à allier rudesse de l’instrument et délicatesse du toucher pour un rendu éclatant de justesse qui nous rappelle le travail de Akira Kosemura. Sobrement, il nous chuchote son histoire, son enfance qui peuplée de sonorités brutes et rondes, se dévoile dans des compositions à la douceur humaniste.

Note : 9.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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