/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 06-05-21

Akira Kosemura – « 88 Keys »

C’était un projet plus ambitieux que le pianiste avait imaginé pour l’année. Malheureusement comme nombre d’artiste, Akira Kosemura se retrouva, à l’instar de ses concitoyens, en confinement durant de nombreux mois. Se retrouvant seul avec son piano, c’est au travers de 14 pièces de piano solo que le japonais nous raconte cette période suspendue. Au travers d’une variété de compositions, le pianiste se raconte et se met à nu dans un art qu’il maîtrise parfaitement. Subtil et délicat ce « 88 Keys » nous entraine dans le tourbillon lent de l’introspection douce et nuancée.

Il y a dans la musique d’Akira Kosemura une luminosité rare, presque religieuse. Seul au piano, entouré du seul son des cordes et du mécanisme associé, le japonais nous inonde de ses bonnes ondes sur un premier titre respectueux et sensible « Lueur ». Travaillant une lenteur mesurée, il se plaît à multiplier les figures de styles pour un rendu exceptionnellement touchant. Gravant une sorte de mélodie à l’approche simple et brillante, le japonais pose de suite les bases d’un univers sobre et lumineux.

Plus soutenu comme sur le très bon « Asymptote », aux arpèges rappelant Tiersen ou dans une approche à la clarté religieuse sur « Komorebi », les saynètes se suivent et ne se ressemblent pas. Akira Kosemura dessine des titres à la brillance exceptionnelle et au phrasé simple qui nous emportent dans une folle traversée douce et vacillante. On se laisse porter par cette capacité qu’à le japonais pour rendre étincelant  une musique à la sobriété nue. Tout resplendit dans cette musique douce et enivrante qui à la manière d’une ritournelle n’en finit pas de nous immerger dans un univers simple et poreux, résistant et doux.

Multipliant les mélodies douces et délicates le japonais trouve sa voie dans un mélange très pop et audacieux. Travaillant avec soin une musique à l’émotion palpable il réussit à y inscrire une part de son rayonnement. Car l’album regorge de cette lumière qui semble inonder ses compositions apportant à l’intégralité des titres cette puissance rare « The Eighth Day ». Il y a une bienveillance dans ces mélodies s’égrainant doucement dans un tout très sobre. Le piano seul s’alimente de ses bruits de touche et donne au tout une impression de réalité folle. Akira Kosemura joue à nos côté et l’on se sent enveloppé de cette musique qui doucement nous berce de ses bonnes ondes. 

Composées pendant le confinement ces 14 titres impriment un moment unique fait d’attente et d’ennui qu’Akira Kosemura réussit à transformer en une ode à la transparence et à la sobriété. On se laisse prendre au jeu de la virtuosité délicate d’un artiste capable de mettre sa technique de côté pour mieux nous toucher de ses émotions. Rien n’apparaît mièvre dans ces musiques qui nous délivrent une forme d’apaisement au travers d’une clarté religieuse. Avec soin le japonais joue de sa délicatesse pour transmettre une somme d’émotion qui nous transporte dans une forme de méditation calme. Tout en gardant une approche très moderne dans ses morceaux Akira Kosemura touche du doigt une perfection populaire à l’universalité puissante. 

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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