/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 15-03-18

Teorem – « Terminus Montparnasse »

Le rap a une place à part en France où il s’est depuis longtemps maintenant démocratisé jusqu’à être repris par des artistes de variété. Pourtant rares sont les artistes de rap qui font le pas de traverser le miroir pour se frotter aux sonorités électro voire rock. Teorem est de ceux-là. Au travers d’un deuxième EP intitulé « Terminus Montparnasse », le français intègre à son rap une approche à l’électro vintage pleine de synthétiseurs. 

Teorem - « Terminus Montparnasse » : La chroniqueDès le premier titre « Paris », Rémi Libéreau de son véritable nom, pose de suite le décor. Dans une approche entre électro et rap, il nous ouvre grand les portes de son univers mélange de textes scandés et d’électronique tranchante. On se laisse rapidement convaincre par ce mélange à priori pas si simple qu’il se plait à faire surgir dès les premières notes. On est vite conquis par cette maîtrise technique et ce sentiment de plaisir qui se dégage de chacune de ces compositions. Teorem nous propose une musique aux ressorts complexes mais au rendu dynamique et entêtant.

Sans s’enfermer dans un style, Teorem fait parti de cette génération cassant les codes pour mieux les réinventer dans une approche toujours très pertinente. On passe ainsi de l’électro tranchée au rap poétique , de la pop sobre à un rock cassant sans jamais perdre cette homogénéité qui fait tout le sel de cet EP. Rentrant vite dans le dur du sujet avec un titre comme « Je pense donc je fuis » ou « Barbie de Barbès », le français nous immerge dans des sonorités très 80’s mélange de funk et d’électronique vintage. Utilisant l’électro pour mieux faire passer ses textes, le français travaille une musique homogène et rythmée en lui intégrant un rap osseux qui donne au tout une impression de musique dense et complète.

Loin de se reposer sur ses lauriers, Teorem continue de proposer à chaque composition de nouvelles approches de ce mélange rap électro. Sur ces dernier titres il semble se rapprocher d’une chanson française avec un sens fort de la composition. Là où un Biolay met du rap dans sa variété, Teorem a l’approche inverse en intégrant de la chanson française dans son rap. Avec cet EP, Teorem prouve avec talent que le rap est définitivement intégré dans les mœurs d’une France qui l’a longtemps pris pour un style alternatif.

Le rap est très présent dans l’univers du français, pourtant loin d’apporter une lourdeur à cet EP, il y apporte une sincérité rare une sorte de background extrêmement solide qui de suite nous emporte dans un univers des plus travaillés. Construisant des compositions assez classique, il creuse une ambiance instrumentale à l’électro diablement efficace. Sans jamais trahir son rap, Teorem réussit un entre deux extrêmement équilibré qui ne donne pas la priorité au rap ou à l’électronique. Cette mayonnaise musicale débouche sur un EP à l’homogénéité rare et à l’atypisme entêtant.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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