Artiste complet, Nuit Oceān nous propose un 3ème EP s’inscrivant dans une démarche alliant musique, vidéo et photo. Originaire de Bordeaux, le français nous revient avec un EP 7 titres confirmant une fois encore son talent hors norme dans une électro poétique dont on ne sort pas indemne. Travaillant une matière sonore sobre et ronde, il nous émeut de sa voix au spectre large qu’il met au service d’une musique unique et atypique. 

Ensorcelant sur « Roses », premier titre électro baigné de piano, Nuit Oceān nous impressionne de sa maîtrise musicale. Dansant doucement dans une électro poétique qui n’en finit pas de nous imprégner sur ce premier titre, le bordelais parvient à produire une électro excessivement graphique à la fragilité enveloppante. On se laisse bercer par cette musicalité qui n’est pas sans rappeler la douceur d’un Petit Biscuit dans un écrin à l’expérimentation toujours très présente. Etincelant sur le très bon et éponyme « Fire Divine », Nuit Oceān pose sa voix troublante et fluette dans un concert de bonnes ondes. 

Tout est art chez le jeune bordelais et tout se consume en une flamme extrêmement maîtrisée. La musique ne cesse de vibrer sous les intonations poétiques d’un artiste travaillant la musique dans sa globalité. Rien n’est laissé au hasard dans des compositions qui n’ont de cessent de nous mettre la chaire de poule. On est hypnotisé par cette capacité à traiter une musique enveloppante et cristalline qui n’a de cesse de se réinventer à chaque mesure sans jamais exploser en plein vol. 

On se laisse prendre au jeu de cette voix peuplée de spectre « Wounds ». Multipliant les effets sur sa partie vocale Steve Mesmin de son véritable patronyme esquisse une douceur troublante. Passant du registre chuchoté à une voix de tête il transcende le style avec une capacité toujours renouvelée. On est immergé dans cette musique dévorée par les effets qui viennent progressivement imposer une sorte d’expérimentation pop à cette électro nuancée. 

Sur l’intégralité de ses titres, la voix de Nuit Oceān prend une place importante. Il nous étreint ainsi de ses vibrations sur des titres comme «  Calling Out Your Name » ou « Only Love we had » qui vite nous font plonger dans l’univers unique du bordelais. On est comme entièrement immergé dans une production qui ne laisse que peu de place à l’improvisation tout en gardant cette capacité à transformer tout ce qu’il touche en une sorte d’art brut puissant. Les titres nous cisaillent sur place dès l’arrivée de la voix grave et chaude du français qui vient en contrepoint de sa voix de tête. On le ressent tout prêt, sans animosité mais tellement charismatique dans une composition aux découpes travaillées.

Il y a chez Nuit Oceān une sorte de fragilité intrinsèque qui semble nous disséquer de ces sonorités précises à la fragilité puissante. Tout nous dévore de l’intérieur dans ces compositions multipliant les expérimentations sonores. Lentement, le talent de Nuit Oceān vient nous grignoter la cervelle avec soin. Dans une musique syncopée lente et excessivement puissante et sensuelle, Nuit Oceān tel un félin vient nous griffer de son empreinte de velours. Ce « Fire Divine » possède les qualité des grands albums. Tel un orfèvre du son, Nuit Oceān touche du doigt la perfection vocale pour un tout qui ne cesse de se balancer dans un art brut aux douceurs éthérées.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com