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Date d'ajout : 09-10-21

Nikitch – « Chromatism » : La Chronique

Connu dans le milieu de l’électro depuis maintenant quelques années, Nikitch nous revient au travers d’un nouvel album intitulé « Chromatism ». Issu du monde classique et Jazz, le français n’en ai pas à son coup d’essai. Adoubée par Laurent Garnier ou Gilles Peterson, la musique du français réussit à nous entrainer dans une électro syncopée et superbement ciselée aux rythmiques hachées. Le résultat est impressionnant de maîtrise. 

C’est par un « Ouverture » qui pose de suite les bases de ce qui sera le fil conducteur de tout cet album que Nicolas Morand de son vrai nom ouvre le bal. Dans un océan de sonorités toutes plus sophistiquées les unes que les autres, le français dessine une musique scintillante aux combinaisons complexes qui progressivement lève le voile sur une approche atypique de l’électro. Dans un tout très dansant tout en restant extrêmement beau, le français nous propose une nouvelle façon de comprendre et vivre l’électro. Il y a un côté très intellectuel dans cette musique qui s’apprécie dans ses moindres recoins par cette façon d’aligner les sonorités et les tempos. 

On retrouve dans ses différentes compositions, cette maîtrise jazz d’une électro assourdissante. Il y a un groove fou dans « Brain Dance » qui voit le français se délecter d’une rythmique entrainante à souhait. Rappelant les sonorité d’un Herbie Hancock sur le très réussit « Vibin » , le français utilise son expérience passée pour colorer avec brio une musique à la fois dansante et pointue. Il y a chez Nikitch cette capacité à synthétiser en quelques mesure dans un mélange extrêmement fouillé, une expérience musicale hors norme. Aussi puissante qu’elle semble pointue et précise, cette musique réussit à réunir qualité de la composition et approche dansante. Au travers de différentes grilles de lectures, l’auditeur appréciera la rythmique très entrainante ou l’activité jazz soutenue qui donne au tout une impression de soul électronique. 

Assumant pleinement son approche synthétique dans un déluge de sonorités tirées des années 80, Nikitch fait honneur à son patronyme en remettant le kitch au gout du jour dans des compositions qui s’élèvent au dessus du simple combat de sonorité « Solarism », « Still Someone » . Tout chez le français est basé sur une rythmique qui nous impressionne de sa qualité et sur une capacité à travailler des parties toutes plus pointues les unes que les autres. Cette musique transpire une certaine conception de la rythmique complexe et graphique qui vient percuter une composition musicale complexe. Chez Nikitch, la déconstruction est la norme et nous emporte dans des profondeurs électro insoupçonnées dans lesquelles nous nous perdons avec grand plaisir « Digital Happiness ». 

Adepte du footwork, genre né à Chicago, Nikitch mixe une sorte de jungle et de transe synthétique. Il transforme ainsi une sorte de patchwork en un éclat assourdissant qui nous impressionne de sa maîtrise. Tout chez le français transpire une sorte d’agencement mathématique extrêmement puissant qui voit l’électro être découpé en tranche pour un rendu entre brutalité et rêverie. Creusant un sillon qui lui est propre, Nikitch ouvre la voie à une électro élitiste et galvanisante. 

Note : 8/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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