Originaire de Sète, c’est par le violon que Mélie Fraisse est venue à la musique. Ingénieur du son diplômée de la CNSM elle a su se forger une rigueur technique que l’on ressent dans ce premier EP à l’électro sensible. Creusant une pop electro avec parcimonie et  bienveillance elle nous emporte dans cet EP éponyme avec un sens aiguë de la mise en scène et du décor musical qui donne au tout une impression d’immersion mélancolique rare.

Douce et singulière la musique de Mélie Fraisse cultive la rudesse d’une electro flashy avec la délicatesse d’une voix aux détours sinueux. On se laisse porter par cette musique à la pop légère et diablement efficace. Elle dresse d’une voix vaporeuse une approche simple et délicate d’une pop à la musicalité très présente. Sobre dans sa musicalité sur des titres comme « A Walk » ou « Candy » elle use de sa voix fragile pour mieux nous guider dans un univers au tendu somptueux et rigoureux. Car chez la française, l’instrumentation n’est pas un vain mot et vient délicatement appuyer des mélodies fines et ciselées.

Sur un background électro délicat et discret, Mélie Fraisse nous sert des titres vaporeux qui tranchent avec leur accompagnement à l’électronique flashy et rude. Elle se plaît à moduler à son rythme dans une pop mesurée, son univers libre et éclatant. On se laisse bercer par ces couches instrumentales successives qui réussissent à ne jamais être trop lourdes. La française nous emporte dans un labyrinthe musical aux parties diablement bien agencées.

Il y a chez la française une véritable recherche du design musical proche de la perfection. Chez Mélie Fraisse, le design n’est pas un vain mot. Toutes les sonorités virevoltent et viennent en contrepoint d’une identité musicale en background très rude et sec à l’image du somptueux « D ». Dans une architecture aux sonorités rondes et acoustiques, elle creuse un écrin pour une electro brutale. Puissante et vibrante la musique de Mélie Fraisse touche au beau universel sans tomber dans une standardisation actuelle. Jamais granuleuse l’artiste fait un pont entre classique et electro au travers de titres recherchés.

Aussi à l’aise dans une pop easy-listening qu’ expérimentale, la sétoise termine cet EP sur 2 titres aux sonorités singulières et diablement addictives. Que cela soit sur « Tu Veux » ou « Hémisphère » elle débroussaille avec enthousiasme une pop tortueuse qui apparait vite puissante allant même jusqu’à dessiner une dernière composition digne d’une  Camille dans ce qu’elle a de plus nu et de plus harmonique.

Au travers d’un premier EP au charme certain et à la maîtrise cadencée, Mélie Fraisse nous impressionne de son savoir faire. Irriguant de sa voix un tapis musical fin et riche, elle y fait fleurir une pop aux éclats tendre dont il est difficile de s’extraire. Fine et singulièrement nuancée la jeune française précipite une pop electro dans un écrin haute couture qui la met extrêmement en valeur. Vivement l’album !

Arnaud Le Tillau
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