/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 24-10-20

Manu Delago – « Circadian (Live) »

Batteur de renom accompagnant Björk sur ses tournées mondiales, Manu Delago est surtout connu pour jouer à merveille du Hang. Instrument Suisse atypique et introuvable à l’heure actuelle, composé de 2 demi sphères, le Hang dévoile ses sonorités douces et éclatante grâce au génie de l’autrichien. Accompagné sur cet album live de 9 musiciens jouant du violon, des percussions et des instruments à vent, il réussit à instaurer une ambiance feutrée et enveloppante excessivement addictive. 

Manu Delago - "Circadian (Live)" : La chronique

Il y a dès le premier titre de cet album live « The silent flight of the owl » quelque chose de magique chez Manu Delago. Celui qui utilise à la perfection son instrument fétiche nous fait voyager de ses sonorités douces et légères sur cet album live. Se plaisant à mêler une mélodie rythmique réalisée au Hang et des bois ou des cuivres feutrés, Manu Delago couvre le champ des émotions avec une mélancolie folle qui nous rappelle la musique d’un garçon comme Yann Tiersen.

Dans une ode à la musique éparpillée aux sonorités diverses et clinquantes sur « Draem », l’autrichien se plait à construire avec ses musiciens un environnement doux et contagieux d’où se profile une thématique qui bientôt nous entête de ses mélodies à la simplicité effarante. On est conquis dès les premières notes par un artiste capable de compositions à la fois complexes et aériennes qui n’en finissent pas de nous donner la chair de poule. Adepte des rythmiques complexes et décalées, l’instrumentation liée à ces morceaux est un modèle du genre. Travaillant une composition à l’organisation diversifiée, Manu Delago n’a pas son pareil pour faire émerger d’une composition aux sonorités diverses, une mélodie imparable qui nous emporte. 

La douceur infinie qui perce dans ces compositions est contrebalancée par la recherche structurelle que Manu Delago impose à chacune de ses compositions. Proche de l’expérimentation sur un titre comme « The moment I’m still awake » l’autrichien n’a de cesse de creuser un peu plus cette musique construite autour de son instrument fétiche. Il y a dans son approche ce que l’on retrouvait il y a quelques décennies de cela avec Alan Stivell et sa harpe celtique, le régionalisme en moins. Manu Delago nous éblouit dans ce live de ses digressions et de sa capacité à multiplier les bonnes idées pop dans un cadre contraint.

Atteignant sur « Uranus » son climax, cet album live nous met en joie. En effet, sur ce titre dans un mélange d’accordéon, de bois et de violon, le Hang joue les seconds rôles avec un charme discret. Le thème musical nous emporte dans les tréfonds d’une musique puissamment mélodique dont on ne sort pas indemne. Jouant sur des rythmiques travaillées et décalées, l’orchestre de Manu Delago esquisse une œuvre majeure tout en douceur en faisant virevolter ses capacités acoustiques avec une maîtrise impressionnante. On se laisse entrainer dans ce flot mélodique qui voit le morceau multiplier les bonnes idées pour un rendu frissonnant. Travaillant des sonorités acoustiques avec méticulosité, l’ensemble réussit à nous couper le souffle de la beauté de l’instrumentation.

Il y a dans la musique de Manu Delago une féérie que l’on ne retrouve dans aucune autre musique. A la lisière de la pop et de la musique ethnique, l’autrichien véhicule avec beaucoup de sincérité une impression de contes et légendes au travers de compositions atypiques. On se laisse porter par ces mélanges hétéroclites de sonorités qui n’ont de cesse de naviguer entre musique classique et musique ethnique. Rapprochant 2 mondes tout en créant un véritable espace sonore, Manu Delago nous impressionne de sa force créatrice et nous transporte dans ce live au sein même de sa vision douce et feutrée d’une pop cotonneuse. Extrêmement graphique, cette musique n’en finit pas de nous imprégner de sonorités chatoyantes et lumineuses. 

Cette musique secoue l’âme dans un tourbillon de bonnes ondes à l’acoustique superbement réussit. Tant au niveau de la production que de l’interprétation ce « Circadian Live » nous met les poils à chaque titre par sa qualité sonore et son approche acoustique.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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