Cela faisait 5 ans que Louise Attaque n’avait pas donné signe de vie. Travaillant chacun sur des projets parallèles, les trois membres restant se sont finalement décidés à se réunir de nouveau lors d’un concert de Gaëtan Roussel où le Français avait convié ses deux compères. Dans une approche pop et bondissante, le groupe nous offre un « Anomalie » énergisant et tonitruant qui frôle la bienséance commerciale. 

Acheter l’album sur Amazon

Le ton est de suite donné. Sur un premier titre éponyme à l’énergie excessive, Louise Attaque pose le décor de cette univers loin des premiers albums. Tempo enlevé, pop survitaminée et rythmique, Louise Attaque semble s’être fait braquer par un Gaëtan Roussel à la créativité débordante qui impose sa vision.

Que cela soit sur « La Chute » ou « À l’intérieur », les Français semblent véritablement vouloir faire table rase du passé. Imposant une musique naviguant entre rock et électro, Louise Attaque apparaît méconnaissable. Utilisant sans grande finesse une multitude de répétitions textuelles et musicales, le groupe finit par nous lasser de leurs constructions simples et sans rugosité. Reléguant le violon, élément central dans la plupart de leurs anciens albums, à un simple rôle de figurant, la bande de Gaëtan Roussel semble se cacher derrière ce rideau rythmique et coloré afin de masquer un potentiel manque d’inspiration.

Fonctionnant grâce à cette science de la mélodie catchy que Gaëtan Roussel réussit à imposer au bon moment, les morceaux apparaissent parfois bien fades et sans intérêt. Et pourtant à l’écoute de « Du grand banditisme », on est vite emporté par la créativité d’un groupe en plein renouveau. Travaillé, montant en puissance progressivement et pleinement jouissif sur un refrain à tomber, le titre justifie presque l’intégralité de l’album.

Au travers de musiques au dynamisme fou, aux refrains catchy et à l’énergie dansante rare, on est vite partagé entre cette frustration de ne pas entendre les Louise Attaque que l’on connaissait et le plaisir que peuvent nous procurer ces titres bondissants.

En bref, si l’on fait abstraction du contexte musical, on découvre un album dans la droite lignée du groupe possédant cette volonté de faire danser sur des gimmicks puissants et rapidement entêtants. Puisant son énergie dans la répétition de riffs textuels, les Français risquent fort d’élargir leur public et de rajeunir leur auditoire. On regrette forcément le temps où le folk et le rock faisaient bon ménage au sein du combo mais peut-on reprocher à Louise Attaque d’évoluer vers une musique plus dans l’air du temps ? Une chose est sûre la mélancolie qui remplissait les premiers albums est bien loin.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com