/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 26-09-14

Louis Bertignac – « Suis-moi »

Trois ans après un album des plus rock, Louis Bertignac nous revient au travers d’un nouvel opus intitulé « Suis-moi ». Les 2 années passées à être le jury de The Voice paraissent avoir assagi le guitariste. Débordant de bons sentiments, il nous propose un album au goût de sucre prédominant qui confine presque au dégoût. On avait connu Louis Bertignac rockeur, on le découvre chanteur de variété perclus de stéréotypes.

Voix perdue dans une réverbération imposante, guitares aux effets travaillés, l’ex-Téléphone à beau être sincère il nous livre sur ce premier titre éponyme une sorte de soupe variétoche dans laquelle il se laisse aller à un trop-plein de sentiments rendant le tout mièvre. On pourrait croire à un passage, à un titre faible. Mais non… la suite nous confirme malheureusement ce parti pris.

Dans un déluge de bons sentiment et une musique rappelant la pop 90 américaine, « Cathédrale » s’avère lourd et pataud. Bertignac se noie sous des arrangements sans finesse. Sans risque aucun, il déroule une mélodie certes impactante mais vite lassante dans un écrin pop rock mou et sans à-coup. Enchaînant les titres aux textes parfois à la limite du pathétique (« Minilou »), Bertignac semble être l’ombre de lui-même.

Mélodies niaises au romantisme kitch, Bertignac s’enfonce dans une variété pop proche d’un Florent Pagny (oui vous avez bien entendu). Capable de chanter des lieux communs « on est plus fort que ça/non ne t’en fais pas/ma famille c’est toi » sur « T’en fais pas », on finit par perdre patience. Le rockeur des années 80 ne peut pas tomber aussi bas. Est-ce cette volonté maladive de plaire à tout pris, contractée sur un plateau télé ? Toujours est-il que l’album regorge de titres transparents et communs à l’universalité prédominante qui semblent avoir été composés pour quelques comédies musicales de série B.

Finalement dans cet amas de titres tous plus universels les uns que les autres, on finit par apprécier les quelques éclairs de lucidité qui trahissent un passé au rock brut. La mélodie pop de « Je dis oui » ou les arrangements de « Bientôt les clones » nous rassurent un peu mais apparaissent bien esseulés.

Manquant cruellement de vie, la musique transparente du Français, loin de servir de poil à gratter, s’épanche dans des lieux communs indignes du bonhomme. À l’inverse d’un Jean-Louis Aubert qui a de suite posé les bases d’une pop de chambre très grand public, Bertignac s’est construit au fil des années une image de rockeur qu’il semble sur le point d’enterrer avec cet album. Enchaînant les titres sans véritable fond, il nous sert un « Suis-moi » brouillon et immature. « Je n’aurais jamais cru qu’un jour on en arriverait là » chante-t-il sur « Minilou », nous non plus…

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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