Donna Blue – « Dark Roses » : La Chronique
Leur description du discogs est on ne peut plus claire : « Dutch couple Danique van Kesteren and Bart van Dalen playing indie pop with influence of sixties yé yé, Lynch movies and old Hollywood romance ». Difficile de faire plus précis. Duo amoureux à la ville comme à la scène, Donna Blue nous viennent d’Amsterdam et nous proposent un premier LP intitulé « Dark Roses ». Construit comme la bande son d’une romance très 60’s, ce premier album révèle un duo sensible aux influences autant cinématographiques que musicales.

C’est dans un premier titre enveloppant « The Beginning » que les hollandais posent de suite le décor d’une musique à la richesse vintage. Mettant en avant une instrumentation au parfum très 60’s, ils nous transportent dans un univers ouaté et cotonneux. Avec ce qu’il faut de finesse, ils dessinent une composition au long cours et au format labyrinthique. Dans une sorte de yéyé très chaotique, le duo pose les bases d’une musique qu’ils vont n’avoir de cesse de développer dans les titres suivants.
La pop chez Donna Blue n’est pas un vain mot. Emmêlant leurs voix sur un titre aux effluves 60’s « The Idea », le duo n’en finit pas de nous entrainer sur les routes d’un univers fantasmé où les sonorités s’imposent vintage. Jouant beaucoup sur une grandiloquence lente et ténébreuse, le duo investit une pop mystérieuse aux guitares western saturées et pleines d’une réverbération frissonnante. S’appropriant les codes du western spaghetti autant que de la comédie latine des années 60, Donna Blue semble aussi bien trouver son inspiration du côté de François de Roubaix que d’Ennio Morricone « A lover in disguise ».
Il y a dans la musique de Donna Blue cette sorte de rêve éveillé qui ne cesse de nous hanter. Dans des compositions au voile diffus, les hollandais construisent une musique en forme d’utopie musicale. On se laisse prendre au jeu de ces compositions au chaloupé triste et au groove nostalgique. Dans une instrumentation très « Dernière Séance », Donna Blue excelle dans l’art de nous transporter dans un univers à l’esthétique 60’s « Waking Up From a Dream ».
On retrouve dans ce duo une sorte d’alchimie à l’esthétique poussée qui fonctionne à merveille. A l’image de ces films des années 60 dont ils ne cessent de reproduire la bande son, le couple à l’origine de cette musique se met en scène dans un duo en forme de perfection sonore. On est comme happé par ces compositions à la lenteur hypnotique où tout semble se jouer au ralenti. Au travers d’un choix très précis au niveau des sonorités, le duo construit progressivement ce qui s’apparente à un univers très daté qui n’en finit plus de se déverser dans nos oreilles avec habileté.
Travaillant une musique à la nostalgie puissante, Donna Blue joue sur les stéréotypes pour mieux y faire surgir une puissance pop que l’on avait presque oubliée. Il y a un parfum des 30 glorieuses chez Donna Blue dans cette capacité à mettre sur le haut de la pile une musique caractéristique d’une époque qui rapidement nous enivre de ses mélopées tourbillonnantes. Ensevelie dans une sorte de feutré de velours, la musique des hollandais transpire un univers en technicolor et une ambiance proche de Madmen. Avec ce « Dark Roses » , Donna Blue s’impose sans violence dans un premier album à la ligne artistique parfaitement cohérente et superbement structurée.
Nos coups de : A LOVER IN DISGUISE, SOLITAIRE
Note : 8.0/10
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com
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