/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 18-09-15

AaRON – « We Cut The Night »

Composé de Simon Buret et Olivier Coursier, AaRON s’est notamment fait connaître dès 2007 en signant le thème musical principal du film de Philippe Lioret « Je vais bien, ne t’en fais pas ». Connus pour leur univers planant, sobre et à l’architecture riche, les Français nous livrent un 3eme album studio intitulé « We Cut The Night » dans la grande lignée du précédent. Grandiloquente et ample, la musique d’AaRON se glisse dans une électro pop très produite et souvent superbement orchestrée.

Sobres, sombres et éthérés sur un « Blouson noir » gagnant progressivement de la profondeur, les deux compères ouvrent cet album dans une esthétique très noire. Mêlant rythmes pop et tension électronique, ils utilisent une matière sonore s’écoulant lentement qui doucement nous contamine. Grandiloquent dans leur approche d’un rock puissant aux nombreuses références, le duo français creuse son sillon dans une jungle électro rock sonore et enveloppante.

Aspirant de leur musique à l’electro lourde dans des titres à l’abysse pop « Magnetic Road » dont il est difficile de s’extraire, AaRON met son sens inné de la mélodie qui ne s’est jamais démenti au service d’une électro lissée qui nous enveloppe de son synthétisme. Rappelant la synth pop de Beach House, ils y apportent leur véritable personnalité et une profondeur certaine.

Retrouvant leur conformation piano-voix pour un « Maybe The Moon » lent et hypnotique, les Français propulsent leurs voix dans une stratosphère pop à laquelle il nous est difficile de ne pas succomber. Malgré une véritable lenteur et monotonie dans leur approche musicale, Simon Buret et Olivier Coursier parviennent à nous entraîner dans leurs contrées froides et lisses d’une pop possédant ce surplus de brillance qui la rend vite indispensable.

Malgré cela on dénote déjà sur « The Leftover » ou « Ride On » une certaine facilité, une volonté de standardiser leur musique. Utilisant les leviers d’une techno très 90’s, ils sombrent quelque peu dans un boum boum qui s’avère vite crispant. Les titres semblent se mouvoir dans cette pop sans grand relief qui nous écrase de ses rythmes simplistes et sans fantaisies. Rythmes lents et pompeux cadencent les différents titres. Au travers de piano à la sonorité gonflée utilisé note à note rappelant le trip hop de Bristol et de synthé à la Sweet Dream, AaRON se perd dans une pop aguicheuse et stéréotypée.

Rutilants sur un « Onassis », sorte de cathédrale synthétique où chaque sonorité semble s’envoler, le duo nous démontre une fois de plus son aptitude dans un style se standardisant de plus en plus. Malgré tout les efforts consentis par le duo, on ressent dans cette musique un côté trop bien ficelé qui rend le tout inhumain. Malgré quelques réussites sur cette fin d’album, notamment le très technique « We Cut the Night », la musique ample et douce de AaRON, gardant ce côté grandiloquent bourré de reverb gigantesque et de beat feutrée (« Invisible Stains »), module ses accords pour un rendu toujours plein d’emphase qui à force fatigue.

Alors oui, les mélodies sont plutôt bien construites, les voix s’accordent à merveille, les synthés sont superbement compressés et mixés et pourtant… Sans être robotique la musique d’AaRON semble suivre une partition classique sans rebondissement qui à chaque partie joue les mêmes sonorités. Noyant quelques bons titres, ce « We Cut the Night » multiplie les ouvrages musicaux sans jamais fendre l’armure en devenant une sorte de pavillon témoin d’une électro pop en pleine expansion. Respirant une pop lisse et sans relief, il apparaît bien vite que cette musique Home Studio manque cruellement de transpiration et d’humanité.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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