/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 12-12-16

Cléa Vincent – « Retiens mon désir »

L’histoire aurait pu s’arrêter en 2013. En effet juste avant la sortie d’un premier album, Universal décide de rompre le contrat. C’est ainsi que Cléa Vincent décide de partir en indépendant et de se produire dans tout ce qui ressemble de prêt pu de loin à une salle de concert (Bar Pmu, Kebab, etc…) et le résultat ne se fait pas attendre. C’est donc naturellement qu’elle se tourne vers le crowdfunding pour financer ce premier album intitulé « Retiens mon désir ». Plein d’une fausse naïveté entre variété 80’s et électro vintage, Cléa Vincent signe un opus qui fera date.

Cela commence comme un titre variété des années 80, une sorte de mauvaise mélodie sur un tapis synthétique piquant les yeux. Pourtant progressivement ce premier titre « Jmy attendais pas » prend une ampleur folle. Dès l’arrivée de la basse, Cléa Vincent apparaît en pleine possession de ses moyens sur une composition extrêmement précise et travaillée. L’univers de la française se referme rapidement sur nous et l’on est vite conquis par cette jeune femme aux musiques peuplées de synthés au groove évident, jouant sur le vintage pour mieux donner de la rondeur au tout.

Sur une musique emplissant tout le spectre, Cléa Vincent pose sa voix douce et enfantine tranchant avec un background parfois rude et puissant « Retiens mon désir ». S’amusant à mélange scopitone et électro vintage, « Soulevant » ou « Achète le moi », Cléa Vincent se pose en grande prêtresse d’une électro à l’ancienne qui mêle avec intelligence l’approche humaine des 60’s et l’électro glacée des 80’s.

Il y a chez Cléa Vincent ce je ne sais quoi de vaporeux, cette fraîcheur rare et précieuse qu’elle distille avec un sens inné de la mise en scène. Parfois fragile à l’excès sur certaines introductions (« Électricité »), la tout juste trentenaire apparaît pleinement à l’aise dans des instrumentations riches à la technicité folle. Enivrante de ses mélodies subtiles, elle se pose en véritable orfèvre électro pop capable de virevolter dans ses habits électro pop.

Proche certaines fois d’un jazz équilibré « Amanda », possédant le groove et la sobriété d’un Mathieu Boogaerts sur « Session », Cléa Vincent construit une pop ronde et travaillée, à la fois tranchée et enveloppante. Délestant son groove avec un sens inné du rythme, elle dessine une musique unique lui donnant une véritable base à la richesse mélodique folle. La musique de la française nous apparaît vite comme un subtil mélange entre la pop vaporeuse d’un Nino Ferrer et l’électro riche d’un General Elektriks.

Avec ce premier album, Cléa Vincent se pose en rénovatrice d’une variété française exsangue. Elle mêle avec beaucoup de tact l’approche électro innovante et les mélodies aux longs courts. Mélodiste hors pair, la jeune française décline son univers avec beaucoup d’intelligence. Elle nous enivre ainsi de son approche excessivement groovy qu’elle distille avec beaucoup de subtilité sur des titres où le bon goût synthétique se mêle parfois aux caricatures 80’s. On est pourtant loin d’en être offensé, c’est cette musique que l’artiste défend avec une conviction hors norme et un talent fou.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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