2ème album pour Melissmell, « Droit dans la gueule du loup » inscrit définitivement Mélanie Coulet de son vrai nom, dans une chanson française sans concession, brutale, vécue et infiniment juste.

Ce qui saute aux oreilles à l’écoute du premier titre de cet opus « Les jours de récolte » c’est cette ressemblance vocale impressionnante et même troublante avec Saez. Voix nasillarde et écorchée, Melissmell semble réaliser une imitation. Si on y ajoute un arrangement extrêmement dépouillé convoquant un piano et une guitare électrique, on a cette impression étrange d’écouter un titre inédit du Dijonnais.

Et pourtant c’est bien de Melissmell dont qu’il est question, chose qu’elle nous rappelle de suite sur « La crapule » où passée la surprise de cette ressemblance vocale, on découvre un vrai talent de conteur chez cette ardéchoise. On reste scotché par ce flow lisse et naturel qui nous enivre de ses histoires posées sur une structure simple et hypnotisante.

Mais il faut attendre « Rock’n’roll » pour découvrir le vrai potentiel de la miss. Un peu plus jeune et peut-être plus spontané, le titre nous dévoile une Melissmell mélodique et à l’univers un peu plus léger. Rapidement addictif on se laisse prendre au piège de ce morceau sautillant et presque dansant.

Évoluant au fur et à mesure de l’album on est vite surpris par les facettes de Mélanie. Après un passage par « La route » un peu ennuyeux et sans réelle plus value musicale, on découvre une Melissmell moins brutale et plus raffinée sur « Déserteur » et « Les brebis » sur lequel elle semble se livrer et nous dévoiler son véritable univers. Car la miss excelle dans la chanson piano voix.

En effet, à l’écoute de « Madame » puis « La colère » on entrevoit en filigrane l’univers grave et noir qui semble viscéralement et profondément ancré voire chevillé au corps de la demoiselle. Au travers de ces deux titres Melissmell semble être un tout, une personne entière et complexe. On a cette impression d’un puit sans fond de mélancolie et de rage contenue. Melissmell chante ses doutes, ses coups de gueule, ses peurs dans un style syntaxique à la fois brutal et appuyé, doux et fin .

Album intégrant des chansons à voix dans un écrin rock, « Droit dans la gueule du loup » bien qu’un peu hétérogène nous permet de découvrir l’univers complexe de Melissmell. Éblouissante de prestance sur certains titres, un peu plus éteinte et commune sur d’autres, la miss s’inscrit dans une chanson française de qualité qui ne demande qu’à être reconnue.

Arnaud Le Tillau
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