/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 14-01-17

Octave Noire – « Néon »

Chez Octave Noire la chanson française ne s’est pas imposée d’elle même. C’est plusieurs années après avoir monté son groupe d’électro qu’elle est venue le titiller. « Néon » est son premier album sous ce nom et le moins que l’on puisse dire c’est que le français réussit avec brio son entrée sur la scène electro-pop française. Sobre dans l’approche, grandiloquent dans les arrangements, il réussit un opus puissant et addictif comme on aimerait en voir plus souvent.

Démarrant sur « Un Nouveau Monde » baigné dans une electro fine et distanciée, Octave Noire nous ouvre grand les portes de son univers sobre et travaillé. De sa voix au grain rond, le Français pose une chanson française sur un background fouillé aux synthétiseurs finement taillés. Concis en terme de texte mais grandement généreux sur le son, on se plait à se perdre dans une instrumentation aux folles envolées electros.

Trempant ses compositions dans un bain à l’électro scintillante de celle qui nous enveloppe, Octave Noire réussit en quelques mesures à nous imposer sa pop symphonique et puissante. On trouve sur un titre comme « La Sainte Nuit » ce goût pour l’approche Gainsbourienne d’une pop brillante aux charmes aristocratiques. Dans un grain parfois un peu fade, Octave Noire nous sert une pop inventive aux détours synthétiques qui finit par fonctionner au plein régime.

Bien qu’alliant approche orchestrale et electro grandiloquente, la pop du français à le bon goût de ne nous écraser à aucun moment. Dans une sorte d’ode aux sonorités cinématographiques, il crée à chaque titre un univers dans lequel il fait bon se perdre. Rappelant beaucoup Alex Beaupain dans ce côté sobre en terme d’écriture, Octave Noire se distingue par ce goût de l’instrumentation grandiose et pointue qui colore avec classe des compositions travaillées.

Principalement en français dans le texte, mais parfois en anglais comme sur « Tes yeux, tes main, tes lèvres », Octave Noire cisèle sa pop avec délicatesse pour un rendu à l’intimité puissante rappelant Archive. Dessinant une sorte de folk synthétique il innove avec un aplomb considérable en étant capable d’enchaîner les parties et de passer d’une approche electro à une chanson française à l’expérimentation jouissive sans effort.

Loin de s’arrêter à une electro pop de bas étage, le Francais construit une musique classieuse et nuancée s’approchant du meilleur de Sébastien Tellier sur « La Neige en été ». Dans des volutes mi piano, mi synthétiseur il nous propose un titre jouissif et excessivement bien amené. Sans jamais tomber dans la facilité, il s’astreint à une rigueur pop extrêmement mélodique qui fonctionne à chaque fois.

Avec ce « Néon », Octave Noire nous emporte dans son univers puissant et fragile qui s’impose de lui même au travers d’une instrumentation toujours très fleurie prenant progressivement de l’ampleur et atteignant parfois le paroxysme d’un WoodKid. Cinématographique, piétinant avec délice une pop ouvragée, la musique du français se plait à dessiner une histoire épique sur chaque composition comme autant de mini court métrage avec un don inné de la mise en place musicale. Magnifique, ce premier album propulse Octave Noire dans la cours des grands de la pop atypique française.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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