Maurane – « Ouvre »
Abandonnant le jury de la prochaine saison de « La Nouvelle Star », Maurane en a profité pour retrouver le chemin des studios et composer un nouvel album intitulé « Ouvre ». Personnage éminemment sympathique, sincère et entier, elle promène sa voix chaleureuse au travers de 13 titres faisant la part belle à un univers très variété manquant un peu de fantaisie.
Naviguant de sa voix d’or dans des compositions un peu transparentes, elle irradie de ses talents vocaux des morceaux parfois un brin complexes. Au travers d’une orchestration très propre elle aborde avec beaucoup d’honnêteté un « Trop Forte » taillé sur mesure par Daran. Simple et sincère, ce titre aborde le thème de la corpulence sans fausse pudeur. Loin d’une chanson française un peu élitiste, elle réalise ici un titre populaire et abordable sans tomber dans une facilité musicale.
Connue pour ses superbes interprétations, la chanteuse belge à du mal à sortir de ce carcan dans lequel elle évolue depuis des années. Difficile de reconnaître sa patte tellement les titres semblent liés à un interprète précis. C’est ainsi que l’on sent le souffle d’un Florent Pagny voire de Pascal Obispo sur « Toi c’est différent » (dont il est accessoirement le compositeur), ou d’un Philippe Lavil sur le mièvre « Sous ces yeux là ».
Accrochée à ce jazz variété qu’elle nous sert à toutes les sauces, Maurane devient vite irritante. Tentant, en compagnie d’une Yseult transparente sur le très jazouille « À part être », d’insuffler du swing à une composition complexe et sans ressort, Maurane met en avant ses talents vocaux sans ce soucier de la pertinence mélodique du tout. En découle des titres tortueux et syncopés qui ne nous accrochent nullement.
Elle sait pourtant utiliser son lyrisme vocal à bon escient, pour preuve le magnifique duo « Elle oublie » qu’elle interprète en compagnie du jamaico-stéphanois Bernard Lavilliers. La rencontre vocale est magique entre cette voix brute et rugueuse et une Maurane ample et chaleureuse. Très belle dans cette économie de vocalise, elle apparaît rayonnante, prenant son temps pour nous servir une composition envoûtante.
Le reste de l’album se partage entre variété mièvre très Michel Drucker et quelques pépites à l’image de ce « Où vont les hommes? » signé Miossec la rendant naturelle et convaincante, grave et généreuse.
Personnage haut en couleur, Maurane nous sert un album un peu lisse pétrit d’une variété française à l’ancienne. Faisant la part belle aux compositions emplies de demi-temps et d’une soul un peu défraîchie, elle marie avec difficulté soul jazz et variété française. Malgré quelques belles réussites, Maurane se perd dans une musique mielleuse et maniérée que sa belle voix n’arrive définitivement pas à sauver.
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com
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