/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 26-08-14

Bénabar – « Inspiré de faits réels »

Tout comme l’éternel débat des cartables trop lourds, les albums de chanson française refont leur apparition en cette période de rentrée. Bénabar est donc de retour avec « Inspiré de faits réels », et en élève appliqué, l’élève Nicolini livre une copie correcte, mais se repose un peu trop sur ses acquis pour convaincre totalement.

Quelques riffs cuivrés, un flow vocal reconnaissable entre mille, quelques petits blagues bien senties et toujours cette facilité d’écriture. Une chose est sûre, nous sommes bien sur un album de Bénabar. Lequel? Pas évident. Difficile de discerner le nouveau de l’ancien, mais qu’importe. La recette fonctionne et le chef sait y faire. « Coming in » fait immanquablement sourire avec sa chute « théâtre de boulevard » typique de « l’écriture Bénabar ». « Gilles César » aux arrangements digne de Vladimir Cosma, est une vraie bonne chanson qui ne se prend pas au sérieux.

Comme à son habitude, Bénabar joue habilement la carte de l’émotion avec des ballades bien tournées : « Titouan », mais surtout « Le regard », sur laquelle plane l’ombre mélodique du « En cloque » de Renaud.

En revanche les titres au rythme plus enlevé ronronnent un peu (« Sur son passage »), et certains virent même à l’exercice de style certes amusant, mais à l’intérêt limité. « Remember Paris » nous fait le coup de l’anglais approximatif sans pour autant convaincre mélodiquement et sans surprise dans l’arrangement. Un petit ragtime qui rappelle les débuts de Vincent Delerm mais sans le grain de folie nécessaire ou la partie de piano qui fait la différence.« Les couleurs », une fois le principe assimilé, lasse rapidement, et la sympathique ligne de contrebasse de « Les deux chiens » ainsi que le cabotinage de Bénabar ne suffisent pas à rattraper une mélodie trop moyenne pour rester en tête.

Même constat mitigé pour les arrangements : on reste en terrain trop connu entre variété du samedi soir et sonorités acoustiques. Pourtant quelques bonnes surprises égayent le parcours. « Belle journée » attaque fort avec sa basse pleine de chorus et une caisse claire qui claque, dommage que le refrain fasse irrémédiablement penser à du Marc Lavoine. « Paris by night », c’est « La java de Brodway » de 2014, et groover comme Michel Sardou, ce n’est pas donné à tout le monde. Certes le refrain demeure un peu faible, mais on imagine aisément que ce single cartonnera dans la tournée à venir.

Le bon côté de la variété, c’est « La forêt », sans aucun doute le meilleur titre de ce nouvel album. Ici pas de blague, Bénabar se la joue sobre et ça fonctionne superbement. Joe Dassin, l’homme aux plus belles mélodies variet’ de l’Univers, doit être vert de jalousie dans sa lamaserie au Tibet.

« Inspiré de faits réels » est du pur Bénabar, sans être du Bénabar des grands jours, la faute à quelques exercices de style un peu poussifs et certaines mélodies paresseuses. On reste sur cette impression de « celle-ci n’est pas mal, mais c’est sûrement la prochaine qui va tout déchirer »… mais en fait non. Bénabar assure donc le minimum syndical pour repartir en tournée, mais possède suffisamment de talent pour livrer 12 titres dans la moyenne. Certains en rêveraient.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com

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