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Date d'ajout : 02-09-21

Bandit Voyage – « Amour sur le disque (Partie1)  » : La Chronique

Duo suisse reconnu pour son approche créative d’une chanson française, Bandit Voyage nous reviennent sur un EP intitulé de façon assez pragmatique « Amour sur le disque (Partie1) ». Dégainant une pop lofi à toute épreuve dans une sorte d’écrin que Philippe Katerine n’aurait pas renié, les suisses nous font un plaisir immense dans cet opus à la pop foutraque. Travaillant une musique au dessus des styles, ils réussissent en quelques titres à poser les fondations d’un univers sonore loin des canons du genre. Ceux qui se décrivent comme faisant une « musique de stéréo cassée de mariage ratée » nous surprennent de leur éclectisme et nous enivrent de leur créativité.

C’est accueillis par une magnifique batterie électronique très 80’s, que Bandit Voyage nous ouvre son univers complètement barré aux couleurs flashy dans un « Avant de te Revoir » magnétique. Cultivant une approche décalée et créative sous tout ses aspects, les suisses transforment ce premier titre en un hymne audacieux. Loin des sentiers battus ils dessinent une pop à l’équilibre instable qui se plait à casser les codes de l’uniformisation musicale. Mélangeant les inspirations, le duo nous propose une musique sorte de synthèse bancale d’une pop mondialisée.

Le background à l’électro violente sur « Ma Mère » aux sonorités digne de Bataille ou de Vladimir Cauchemar, nous transmet de suite ce mix de culture qui transparait dans chacune des compositions du duo. Sous une présentation tout en couleur et en créativité, les suisses nous imposent un texte rude et transpirant la misère humaine. Le duo réussit sous des dehors très volatiles à nous embrigader dans une sorte de pop sociale extrêmement réussie. On aime cette prise de risque et cette musique à la personnalité forte croisant le fer dans une pop flashy et extravagante à la poésie impressionnante. Car Bandit Voyage n’ont pas leur pareil sur ce titre pour nous inonder de leur poésie rude qui fonctionne parfaitement dans un écrin tranchant à la dureté intransigeante. 

De sa voix nonchalante, Anissa Cadelli nous imprègne sur « Douceur Dure » ou « Amour sur le Beat » d’une douceur blasée. Il y a dans la musique du duo un fatalisme qu’ils mettent en musique sur un background joyeux. Tout chez Bandit Voyage nous entraine dans une audace sans fond. Capable de transformer à grand coût d’auto tune un titre pratiquement inintelligible, ils dessinent avec intelligence une musique en forme d’étendard créatif qui nous scotche de son éclectisme et de sa profondeur. On se laisse prendre au jeu de ce « Viva Algéria » aux forme sonores électro sombre qui se plait à déstructurer une pop aveuglante. Le résultat est tonitruant d’audace et puissamment important . En 1 minute 27 secondes, les suisses posent de suite les règles de leur approche en nous soufflant de leur talent hors norme.

Cultivant une fausse naïveté et un art consommé pour une sorte de happening sonore, Bandit Voyage nous entraine dans les pentes glissantes de sa pop lo-fi aux allures martiales et créatives. Le contraste que l’on retrouve entre cette musique très enlevée et ces textes à la noirceur miséreuse font de Bandit Voyage un groupe à part. Mélangeant chanson française et pop criarde, le duo utilise tout les styles pour mieux transmettre une émotion cultivée. Aussi à l’aise dans une électro grave que dans une pop sautillante, ce qui fait le sel de cette musique c’est cette nonchalance vocale qui donne au tout cette folie créative. On se laisse prendre au jeu de cette musique proche de la chanson française d’avant garde et dynamitant une scène pop frileuse. Mélange savant entre Stéréo Total et Philippe Katerine, les suisses explosent tout sur leur passage. 

Note : 6/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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