/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 04-11-13

Avril Lavigne – « Avril Lavigne »

A bientôt 30 ans, on se dit qu’Avril Lavigne va bientôt terminer sa crise d’adolescence et dévoiler le fameux album « de la maturité » qui la sortira de son carcan pop-rock rose bonbon. On ose même imaginer que ce nouvel album éponyme contienne autre chose que des ballades aseptisées et des hymnes rock pré-pubères. Et bien c’est raté. Au moins la ligne directrice a le mérite d’être limpide et la canadienne ne manque pas de cohérence au travers de ces 13 nouveaux titres bien dégoulinants.

Le single « Rock n’Roll » qui ouvre l’album résume à lui tout seul la confusion évidente qui traîne dans la tête de la gentille Avril depuis quelques années déjà. La rythmique est lourde et puissante, les guitares saturées sont bien là et Lavigne chante de manière énergique et convaincue. Elle nous explique qu’elle se fiche de son maquillage, porte un jean déchiré et a même des tatouages. Bref : elle est « Rock n’Roll ». Mais non Avril. Tu es tout sauf Rock n’Roll, et pas besoin de s’appeler Philippe Manoeuvre pour l’affirmer.

Les titres défilent, interchangeables entre eux. Les hymnes pour ados aux refrains en « ohohoh » ou « Put your hands up » s’enchaînent : « Here’s to never growing up », « Bitchin’ Summer », « Sippin’ on Sunshine »… du bon rock pour fan de Glee. La jeune Miley Cyrus qui sort pourtant du moule Disney s’en sort nettement mieux quand il s’agit de jouer la bad girl. Avec « Hello Kitty », Avril se la joue rebelle et c’est faussement méchant mais réellement irritant. Malgré toute la bonne volonté du monde, on ne parvient pas à croire une seule seconde à cette énergie power-pop, ce « fake rock » trop chargé et usant. Les arrangements sans grande inspiration ne parviennent pas à sauver les quelques mélodies bien tournées.

C’est finalement sur les titres plus calmes que le suppositoire pop est le moins douloureux à faire passer. Alors certes, ces morceaux ne brillent jamais par leur originalité et on manque de s’endormir après le second refrain, mais «Give you what you like » ou « Falling past » coulent légèrement mieux. Mais que ce soit sur ces titres plus posés ou ceux plus énervés, Avril Lavigne ne fait vocalement pas dans la nuance. Le timbre très nasale et pincé, pour ne pas dire nasillard, vrille rapidement les tympans, et la multiplication des montages et effets ne parviennent pas à corriger le tir.

Et ce ne sont pas les divers bruitages de Marilyn Manson sur « Bad Girl » qui changent la donne : le titre sonne faux et les gros riffs et grosses guitares rappellent plus ZZ Top qu’autre chose. On n’adhère jamais à ce gros rock de pacotille. Le sommet, c’est sûrement « Let me Go » en duo avec la voix puissante de Chad Kroeger, chanteur des impayables Nickelback (et mari d’Avril Lavigne). Cette ballade n’évite aucun cliché et tombe dans le « sous-Aerosmith » de supermarché. Un peu désespérant…

Ce nouvel album, calqué sur les précédents, ravira sûrement les fans de la première heure et ceux des One Direction, mais passé 16 ans, l’intérêt est quasi-inexistant. Avril Lavigne poursuit sa route ultra-commerciale et formatée, bordée de tubes pop plutôt accrocheurs, mais sans réel attrait. A zapper d’urgence.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com

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