/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 02-10-15

Ariane Moffatt – « 22h22 »

Cumulant pas moins de 11 prix Félix pour ses précédents albums, reconnue aussi bien au Québec où elle a commencé sa carrière qu’en Europe et notamment en France où elle a obtenu en 2009 le grand prix du disque de l’académie Charles-Cros, on ne peut pas dire qu’Ariane Moffatt soit une jeune première. Pourtant peu connue en France, elle nous revient avec un album irradiant d’une pop contemplative qu’elle modèle à sa guise autour d’une chanson française exigeante.

C’est doucement, presque tendrement, qu’Ariane Moffatt nous enveloppe de sa voix enfantine posée sur une pop feutrée et fragile. Extrêmement sobre dans son approche d’une pop intimiste, elle nous sert un premier titre suspendu « 22h22 » qui donne son nom à l’album. Mélodies envoûtantes, arrangements cristallins, la québécoise est de retour et nous le fait savoir au travers d’une introduction superbement orchestrée faisant la part belle aux boucles électro.

Emplissant l’atmosphère de synthés aux sonorités denses, elle dessine sur la plupart de ses compositions un tapis moelleux et riche en harmonies montant progressivement en puissance. Dans une sorte de grandiloquence statique, Ariane Moffatt nourrit son univers d’une musique à l’esthétisme très présent. À l’image du très réussit « Rêve », délicieux et puissant, les titres s’enchaînent avec beaucoup d’audace atomisant une variété plan plan dans un tout à l’électro surdimensionnée et bluffante.

Touchant une expérimentation gracieuse de haute volée sur le lyrique « Nostalgie des jours qui tombent », Ariane Moffatt nous envoûte au fur et à mesure de cet album dans des structures complexes et vite jouissives. Proche d’une Camélia Jordana sous psychotrope, elle dessine avec fougue et réalisme une nouvelle pop faite d’une approche artistique aux confins d’un revival 80’s et d’électro raffinée.

Feutrée, la pop électro d’Ariane Moffatt nous caresse de ses sonorités synthétiques, imposant dans chaque titre une expression artistique folle. Ainsi que cela soit sur les très 80’s « Debout » ou le vaporeux « Retourner en moi », la québécoise impose son rythme et ses structures à des titres hors normes qui disparaissent vite sous une couche épaisse de synthés et rendent le tout extrêmement vaporeux. Sans jamais nous écœurer elle jongle avec les sons avec une extrême agilité.

Partageant ce nouvel album entre titres à l’electro dynamique et morceaux plus intimistes au piano très présent, Ariane Moffatt nous propose un « 22h22 » entre puissance et fragilité. Abordant des problématiques personnelles, n’hésitant pas à faire intervenir ses jumeaux sur l’atypique et réussit « Matelots&freres », la québécoise impose à une variété francophone vieillissante des mélodies enivrantes et une électro remuante qui à chaque fois sonnent juste. L’énergie de chaque morceau semble se transmettre et finit par contaminer l’album entier !

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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