/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 20-05-17

Adam & The Madams – « Almost »

Formés à Strasbourg et passés par le Collectif Kim véritable référence en matière de musique noise, punk voir grunge, Adam & The Madams nous reviennent plus délurés que jamais avec un nouvel EP intitulé sobrement « Almost ». Pochette criarde, musique puissante et irrésistiblement noise, les français nous offrent un 6 titres en forme de sans faute et à l’ingéniosité rare.

Adam & The Madams – « Almost » : La chronique

Tout démarre par une reprise. Et pas des moindres, en effet c’est avec « Heroes » de feu David Bowie que les strasbourgeois ouvrent le bal. Difficile de ne pas se prendre les pieds dans le tapis en travaillant un titre de cette envergure pour lequel tout ou presque a été fait. Et pourtant, loin de faire une énième reprise en forme d’hommage au grand Bowie, les français désintègrent le titre avec brio et sans subtilité pour un rendu des plus jouissifs. On aime de suite cette folie, cette force dans la composition qui réussit à faire ressortir l’approche brute et rock de l’anglais.

Multipliant les collages comme autant facettes d’une même mélodie, Adams & The Madams semblent être le croisement psychédélique de la pop de précision de Blur et de l’électro noisy foutraque des Naive New Beaters. On est bluffé par leur sens du rythme, par leur capacité à pilonner leurs titres pour mieux en extraire le suc punk et rock dont manque cruellement la pop actuelle. Avec « Cardboard Love », les français vont un cran plus loin en nous charmant de cette power pop déstructurée qui nous emporte au fil des parties dans des univers où le psychédélisme est la règle. Jouant avec beaucoup d’aplomb sur une pop rock sale et terriblement distendue, ils créent des objets sonores jouissif et excessivement addictif.

La musique du groupe multiplie les styles pour mieux les confronter dans des univers musicaux assez homogène. Capable sur « Half Life » de traiter une folk calme et lumineuse, ils la mélange avec une pop des plus sirupeuses et granuleuses rappelant beaucoup en cela les très bons titres de Radiohead. On est comme happés par ce mélange de sonorités et de collages sonores qui n’en finit plus de nous surprendre.

Avec « Spiral », le climax apparaît atteint. Dans un titre extrêmement noisy, Adam & The Madams réussit à nous renverser de sa vague électrique où la basse, omniprésente, renverse tout sur son passage. Cette fois ci on pense à Breton, à cette électro puissante et brutale qui réussît à nous désinhiber et nous faire partir en vrille. Il y a un rock démentiel dans cette composition qui ne cesse de se réinventer. Lourde et tendue la musique des français envoie du bois et nous en met plein la tête de ces riffs accrocheurs et diablement abrasifs.

Véritables orfèvres sonores, les français nous subjuguent de leurs montages sonores toujours plus ingénieux et granuleux les uns que les autres. On est comme happés par cette musique écorchée vive qui fait un bien fou où les perceuses se mêlent aux claviers et aux sonorités distordues à souhait. Terminant par un phénoménal « Sister Ray » reprise du Velvet Underground, les français s’amusent à transgresser tout les codes dans un magma des plus enthousiasmants. Adams & The Madams surpassent leurs aînés grâce un subtil mélange de rage et de folie excessivement addictif. Rivalisant d’audace là ou d’autres ont choisis la transparence, les français confirment leur place sur une scène noise toujours aussi dynamique. Croisant electro régressive, batterie cradingue et basse survoltée, les français nous font une démonstration de leur jeunesse et de leur vitalité, galop d’essai pour un LP en fin d’année.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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