Aufgang – « Istiklaliya »

Trio formé en 2005 et composé de 2 pianistes et d’un batteur, Aufgang sort en ce mois d’avril son 3ème album « Istiklaliya » toujours dans cette même veine classico-électro qui ont fait des 2 précédents opus un véritable succès critique.
C’est de suite une impression de tension qui nous submerge à l’écoute de « Kyrie », premier titre de cet album. Le morceau, après un départ très sage, monte à une vitesse phénoménale et parvient à nous donner des frissons en peu de temps. L’arrivée des sons électro signe la dure loi du hochement de tête qui ne nous quitte plus du morceau. Riche sans être pompeux, ce titre se permet d’être fort et puissant tout en étant construit de manière très alambiquée.
On retrouve ce principe dans le titre « Vertiges » où, très noire dans son approche, la musique semble sortir tout droit d’un album de Justice.
Pianistes d’exceptions, Francesco Tristano et Rami Khalifé nous enivrent de leur technique et de la maîtrise impressionnante qui se dégage de chacun des morceaux. Il serait facile de reprocher à Aufgang son manque de mélodie mais le trio travaille surtout sur les ambiances et possède une vision bien plus globale. En effet, chaque titre est une réelle expérience à part entière, une peinture évoluant à chaque coup de pinceau.
Très cinématographique dans leur approche de la musique, Aufgang nous rappelle certaines fois les BO de Levesque et Dury sur les films de Cédric Klapish. Ainsi sur « Balkanik », dans une sorte de mélange classique et électronique sur un rythme très étudié, on sent la grosse mécanique et une expérience hors du commun. La combinaison des pianos fonctionne à la perfection. De même sur « Ellenroutir », le mélange de jazz d’électro fait sonner le tout à la manière d’une musique de film, Aufgang maîtrisant à la perfection l’agencement des différents instruments.
Cependant, sans vouloir être démonstratif, cette musique reste tout de même un peu froide. Une véritable distance s’installe durablement entre l’auditeur et le groupe tellement le jeu ne souffre d’aucune erreur. Il manque clairement une dimension humaine qui ici semble trop transparente. C’est ainsi qu’à partir de « Absolument ride », toujours impressionnant de maîtrise, que l’album semble perdre son souffle nous proposant qu’une redite ce que nous avons déjà pu entendre.
Toujours dans l’expérimentation, Aufgang repousse les limites de la pop électronique apportant leur expérience du piano et mélangeant les styles les uns aux autres. Un peu trop expérimental, très bien mené mais rapidement lassant car trop fouillé, Aufgang, en gagnant en terme de technicité perd le côté chaleureux.
Le reste de l’album se perd entre titres mielleux à souhait tel « African Geisha » et morceaux d’une technicité frôlant la performance sur « Stroke« .
Album en dent de scie, « Istiklaliya » verra le retour d’Aufgang toujours autant épris de technicité et bluffant de maîtrise, réalisant des titres plus ingénieux les uns que les autres mais se perdant au fur et à mesure dans une conception un trop expérimentale à mon goût de la musique classico-électronique.
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com




































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