/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 11-04-20

Pottery – « Welcome to Bobby’s Motel »

Après un premier EP sorti en mai 2019, Pottery nous reviennent plus fantasques que jamais dans un premier album intitulé « Welcome to Bobby’s Motel ». Les montréalais y dessinent le contour de cette musique rock ne rentrant dans aucune case. Explosant avec insouciance les canons du genre, Pottery trace son chemin à grand renfort d’instrumentation dantesque et de compositions riches et déstructurées. 

Pottery - "Welcome to Bobby's Motel" : La chronique

Dès « Welcome to Bobby’s Motel » qui ouvre de façon foutraque cet opus, on ressent de suite cette fureur de vivre, cette façon de composer une musique spontanée. Sorte de Franz Ferdinand, l’accent en moins et le fantasque en plus, les québécois nous secouent dans un rock gras et diablement addictif. Au travers d’une singularité qui fait tout leur charme, les canadiens explosent les bonnes manières dans plusieurs compositions aux parties distinctes et véritablement remuantes. Changeant de rythme tout en gardant ce feu sacré du rock graisseux et puissant, ils nous envoient en pleine tête une musique dynamique et jeune qui fait un bien fou.

On retrouve dans le rock des canadiens cette force impressionnante. Sur un background à la lourdeur noire et au rock vivifiant « Hot Heater » , ils n’ont pas leur pareil pour nous envoyer leur sauce en se moquant des règles de bonne conduite. S’amusant à multiplier les bonnes idées tout en bousculant une construction savamment orchestrée, Pottery pousse l’approche rythmique loin et réussit à intégrer plusieurs chansons dans la chanson avec un naturel impressionnant. A la limite de l’expérimentation rock par certains aspects, Pottery ne se fixe aucune limite dans sa façon de travailler la matière musicale et n’hésite pas à trancher dans le vif pour mieux nous emporter dans un univers abracadabrantesque qui se fiche pas mal des conventions.

A l’image de « Bobby’s Forecast », il y a d’emblée dans la musique de Pottery une joie folle qui emporte tout sur son passage. Avec un sens fin de la musique bordélique, les québécois signent des titres tous plus innovants les uns que les autres ne répondant à aucun canon du genre. S’amusant avec une pop qu’ils poussent jusqu’à ses derniers retranchements ils nous entraînent dans une sorte de Brasil sonore où chaque sonorité vient apporter un peu plus de vie à un ensemble superbement dynamique. Construisant un rock comme personne, les joyeux lurons de Pottery ne prennent pas la peine de brosser dans le sens du poil nos oreilles mais préfèrent réveiller notre conscience au travers d’une musique endiablée et parfois presque mystique s’échappant d’un rock à l’underground appuyé.

Les titres s’enchaînent comme si l’album n’était qu’une gigantesque piste sorte d’héritage d’une liberté très 70’s qui faisait de l’objet audio un carcan qu’il fallait exploser. Cette liberté est partout dans les titres de ce premier album. Que ce soit dans l’approche sonore ou dans la construction faite de bric et de broc, tout appelle à cette émancipation sous-jacente. 

Mélangeant les bonnes ondes dans un rock faisant la part belle à une construction loufoque et grandement puissante, Pottery assume parfaitement son côté décalé et aventureux au travers de compositions rocambolesques qui n’hésitent pas à nous pousser dans nos retranchements. Avec puissance, le groupe canadien repousse les limites du rock pour mieux l’intégrer à une approche à l’expérimentation grasse et collante qui fonctionne à merveille.  A l’image de cette pochette, ils travaillent avec soin leur image de groupe aimant la radicalité d’un rock et la diversité des expérimentations. Loin de s’enfermer dans une musique ronronnante, les canadiens nous transportent dans une sorte de marécage rock d’où il est difficile de s’extraire. 

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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