/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 12-10-15

Luke – « Pornographie »

Arrivé en trombe en 2004 avec un premier album complet et au rock acéré, Luke semble depuis perdre quelque peu de sa pertinence au travers d’albums de plus en plus anecdotiques. Emmené par Thomas Boulard très présent sur la scène rock française, Luke nous sert un « Pornographie » en forme de retour au source, à ce rock puissant et découpé qui a fait leur succès à leurs débuts sans pour autant totalement nous convaincre.

Au travers d’un premier titre décapant, Luke pose de suite son décor, celui d’un groupe évoluant dans un rock au noir brillant qui au fur et à mesure prend de l’ampleur. Pourtant au fil de ce « Warrior », Luke instille le doute, les mots sont violents, la forme semble prendre le pas sur le fond et Thomas Boulard en fait des caisses sans véritable raison.

Débordants d’énergie sur un « Rock’n’roll » portant bien son nom, Luke déverse avec véhémence sa vision noire et coupante d’une société malade permettant toutes les dérives. Il se rapproche en cela du rap dont il finit par adopter les codes sur « Quelque part en France » où, au travers d’un flow soutenu, il nous sert un ersatz du titre phare de Noir Désir « Un jour en France ».

C’est d’ailleurs ce que l’on pourrait le plus lui reprocher, cette façon de reprendre avec plus ou moins de succès ce qui a déjà fonctionné pour le groupe de Bertrand Cantat. On a la désagréable impression d’écouter une version Low cost du splendide « 666.667 club » d’un Noir Désir au faîte de sa gloire.

Thomas Boulard s’attaque aux maux de notre société au travers de titres qui se veulent protestataires égratignant les comportements actuels mais avec une maladresse agaçante. Loin d’insuffler dans chacune de ces compositions des textes travaillés, il préfère privilégier la quantité à la qualité. Ainsi le titre « J’veux être un Hero » est à l’image de l’album entier. Copiant sans réelle flamme « Un homme pressé », les français nous servent un morceau lisse et sans relief.

S’échinant à reprendre sans réel talent la recette Noir Des’, Luke nous sert un rock lisse et sans relief. Possédant la véhémence et la lourdeur textuelle d’un Saez, les Français réussissent parfois à atteindre le rock des Noir Désir mais sans jamais en trouver le souffle ou l’âme. Tentant tant bien que mal de reprendre les codes d’une musique « jeune» , ils se perdent dans un univers qui ne leur ressemblent pas. Le résultat est un album dans lequel Luke finit par se caricaturer sans jamais trouver sa place dans un rock français en pleine évolution. Dommage…

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


Copyright : Quai Baco Stimuli - Mentions légales - S'abonner - Contact Pro - contact@quai-baco.com - Quai Baco Production