Lenny Kravitz – « Strut »
Trois ans après « Black and White America », Lenny Kravitz nous revient avec « Strut ». Enregistré entre août et septembre 2013, ce nouvel album est selon les dires de l’artiste une sorte de retour à un rock brut environné de gros son. La pochette mettant en avant ses tablettes de chocolat pourrait le faire croire, pourtant ce nouvel opus contient 12 titres aux sonorités massives et au rock poussif. Décevant…
Annonçant de suite la couleur sur un « Sex » aux relents 80’s complètement assumés, Lenny Kravitz nous sert un premier titre funk au rock bien lourd. Rivalisant d’une production que l’on pourrait qualifier d’hollywoodienne il abat de suite ses cartes au travers d’une musique pop universelle et ciselée. De même sur « The Chamber », la pop rock porteuse et ravageuse de l’Américain agit comme un rouleau compresseur.
Qu’on se le dise! La machine Kravitz est en marche et écrase toute velléité de création sur son passage. Compressée à outrance, sa musique ne souffre d’aucune faille. Sur « Dirty White Boot » ou « New York City », Lenny Kravitz nous prouve qu’il reste un boss à par entière au travers d’une musique travaillée et exceptionnellement groovy. Performer hors pair, capable d’arrangements toujours aussi percutants, il nous propose des titres massifs.
Pourtant, derrière ces basses très Queen et ces envolées rappelant brièvement les mastodontes des années 90, Lenny Kravitz apparaît comme une icône âgée loin des sonorités actuelles. Extrêmement bien produite la musique du new-yorkais semble pourtant perdre progressivement de son éclat, percluse qu’elle est de sonorités 90’s. Usant et abusant des effets propres à cette période (clappement de main, doublage de voix, réverbération…) il dessert lentement sa musique.
Progressivement pop, le rock de chaque titre semble peu à peu s’estomper. Sans grande énergie, il déroule sur « The Pleasure and The Pain » une musique pour le moins standardisée. Certes la mélodie accroche, les arrangements sont parfaits mais on ressent un manque notoire d’envie. Il y a un côté mécanique dans cette approche pop mainstream à la grandiloquence blasée.
« C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. » Prenant à la lettre cet adage, Kravitz nous sert un « Strut » en forme de « Are You Gonna Go My Way » décongelé. En effet pourquoi se prendre la tête à innover ? Autant ouvrir le congélo et retrouver sa vigueur rock des débuts au travers d’un titre accrocheur et violent. De la même façon, l’Américain nous perd,complètement sur un « Happy Birthday » au rock positif digne des Forbans.
Lent et calorique en terme d’arrangements, ce nouvel album que Lenny voulait brut se transforme en menu XXL où chaque seconde semble emplie de sonorités toutes plus rondes les unes que les autres. Malgré quelques titres au dessus du lot, on reste sur notre faim à son écoute. La musique de Lenny Kravitz semble confirmer le tournant commercial engagé quelques années plus tôt et s’éloigner de plus en plus du monde du rock qui l’a vu émerger.
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com
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