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Date d'ajout : 12-04-13

Kishi Bashi – « 151a »

Chronique Kishi Bashi - Quai Baco
Il y a certains artistes que l’on découvre et qui deviennent instantanément un coup de coeur, comme une évidence. Kishi Bashi fait parti de ceux-ci. Son premier album « 151a » est le genre de surprise auquel on ne s’attend pas et qui, quand elle nous tombe dessus, nous scotche pendant un long moment.

Kishi Bashi (ou Kaöru Ishibashi) est un multi-instrumentiste et violoniste virtuose déjà aperçu au côté du groupe Of Montreal. On retrouve d’ailleurs le côté pop psychédélique des américains sur « 151a », mais c’est surtout le mélange des genres qui sautent aux oreilles. Le duo violon/voix est au coeur des compositions de Kishi Bashi, mais détourné de telle manière qu’on ne sait plus quel instrument joue quoi. Le violon est accéléré, pitché, mis en boucle et trituré dans tous les sens pour sortir des sonorités d’une autre planète (« It’s all began with a burst »).

Kishi Bashi "151a" - Quai BacoLe nippo-américain se prête aussi à divers expérimentations vocales, multipliant les couches et les choeurs. De la pop indé riche et fouillée, mais toujours abordable. Chaque piste est un travail d’orfèvre ciselé avec minutie, mais qui ne tombe jamais dans l’excès si fréquent de la surenchère de studio. On passe de titres aériens comme « Manchester » ou « I am the Antichrist to you », toujours à la mélodie parfaite, à des morceaux folk qui sentent le tube à plein nez. « Atticus, in the desert », et surtout « Bright Whites » sont des singles pop évidents qu’on croiraient sortis d’une pub Apple. Erreur, c’est Microsoft qui a flairé le bon coup en utilisant « Bright Whites » pour sa dernière campagne.

On croise pèle-mêle un Brian Wilson moderne, Syd Barrett qui aurait survécu, et surtout les Beatles, jamais très loin quand il s’agit de richesses harmoniques et d’arrangements pop luxuriants. Plus récemment on pense à Animal Collective ou aux français de Bewitched Hands. Mais Kaöru Ishibashi a su créer un son très particulier de part la présence récurrente du violon, mais aussi de sonorités traditionnelles japonaises. On ferme les yeux et on imagine bien les dessins de Miyazaki pour illustrer l’ouverture complètement folle de l’album, « Pathos, Pathos », mélange improbable et réussi de violons, gros synthés et voix pitchées à l’extrême. Certains textes en japonais ne font que renforcer cette douce impression de retour en enfance et de friandise pop à consommer sans modération.

C’est cet étrange mélange des genres fait de mélodies légères et d’arrangements complexes et fouillés qui fait de « 151a » un album à part. « 151a » provient d’une expression japonaise qui signifie « une fois dans sa vie », et reflète bien l’impression globale que véhicule cet album : de petits moments uniques et atypiques qui forment un tout magique et envoutant.

 

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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