/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 31-03-14

Jamaica – « Ventura »

« Ventura », c’est typiquement le genre d’album auquel on peut reprocher beaucoup de choses, mais qui possède un charme tel qu’on ne peut qu’adhérer. On se dit que les deux gars de Jamaica sont forcément des gens sympas pour faire de la musique aussi cool et dénuée de complexe.

Jamaica, c’est Antoine Hilaire et Florent Lyonnet, un duo qui nous avait déjà fait danser avec « No Problem » et son imparable « I Think I Like U 2 ». Rebelote sur « Ventura ». On enchaîne une bonne dose de singles estivaux et sautillants, de « Two On Two » à « All inclusive » en passant par l’entêtant « Hello again ». Un mélange de pop et d’électro « french touch » qui rend la comparaison avec Phoenix inévitable. C’est donc sans grande surprise qu’on retrouve Laurent d’Herbécourt, producteur de « Bankrupt ! », mais aussi Peter Franco, ingénieur du son sur « Random Access Memories » de Daft Punk aux crédits de « Ventura ».

Et quel rapport avec Phoenix? A peu prêt tout. Les doublages vocaux, les guitares bien sèches et funky qui font secouer les cheveux et les rythmiques au millimètre, taillées pour les dancefloor les plus bobos de la planète. En bref, des tubes stylés, taillés pour le générique du « Grand Journal » de Canal+. Mais le gros avantage de Jamaica par rapport à ses collègues versaillais, c’est de ne pas se prendre au sérieux. Là où Phoenix s’est dernièrement noyé dans une pop trop prétentieuse pour réellement convaincre, Jamaica n’a peur de rien et n’hésite pas à déballer les clichés de la pop pour convaincre. Des cloches sur « Houdini », un piano sautillant sur « Ricky », et surtout l’énorme « Rushmore ».

« Rushmore », c’est un slow dégoulinant de synthétiseurs kitschs, le « Dreams are my reality » de 2014. C’est à la fois totalement ringard et en même temps génial car pleinement assumé. Et c’est surtout une très bonne chanson parfaitement écrite, et c’est ce qui fait la différence.

Si dans sa première moitié, « Ventura » aligne les tubes enjoués mais un peu prévisibles, c’est dans la seconde partie que Jamaica prend son envol. « Rushmore » bien sûr, mais aussi « Turbo », un instrumental qui apporte un peu de contraste à un album très lumineux. Une grosse basse, une batterie rock et des distorsions sur un tempo élevé, il n’en faut pas plus pour apporter la noirceur qui manquait jusque là. Retour au format pop avec « Sale Smile », c’est plus classique mais redoutable avec son solo bourré d’harmonies. On termine sur un « Goodbye Friday », hymne pavé de bonnes intentions que n’aurait pas renié nos amis les Rembrandts.

« Ventura » est sûrement un peu trop gentil, un peu trop prévisible, un peu trop branché. Mais la classe de Jamaica, c’est que ça fonctionne quand même. Ce nouvel album c’est une succession d’excellents hits enregistrés entre Paris et Los Angeles et une pochette clin d’oeil à « Ummagumma » de Pink Floyd avec un jet en guise de camion. Et ça résume bien Jamaica, où comment se la péter avec fun et élégance.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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