Fondé en 2018 sur les ruines de Tancarville, Fontaine Wallace nous revient dans un deuxième LP au rock français addictif. Au travers de 10 titres superbement orchestrés, les français nous offrent un album à la cohérence frissonnante. Dans un mélange pop rock simple mais excessivement efficace et une prose qui n’en finit pas de nous enivrer, la bande de Nicolas Falez trace son chemin brillamment. Loin d’une exubérance à la mode, les parisiens nous délectent de compositions à la normalité douce et au rock incisif. 

Dans un song writing au flow entrainant, les français ouvrent le bal avec le titre éponyme « Le Projet ».  Avec sa voix enveloppante, Nicolas Falez nous emporte dès ce premier titre dans cette pop riche et généreuse qui fait leur spécificité. Dans un mélange pop rock efficace, les parisiens nous proposent une chanson française vitaminée. Travaillant le texte dans un phrasé qui nous enivre, ils réussissent dès le démarrage de ce nouvel album à nous entrainer dans leur univers. Audacieux sous une façade de normalité rock, Fontaine Wallace nous bluffe de sa capacité à renverser la table sur une fin de titre à frissonner. On aime de suite cette façon de reconstruire puis d’intégrer avec bienveillance une musique à l’expérimentation simple dans un tout très populaire. Les français impressionnent de leur audace dans un premier titre qui voit la structure d’une pop s’effondrer progressivement pour n’être à la fin qu’un fil ténu auquel on s’accroche. 

Dans une chanson française brutale et granuleuse, ils nous font de suite penser à Miossec sur le très bon « La chanson d’amour cachée ». On aime de suite de cette profondeur rock qui fonctionne à merveille sans pour autant révolutionner le style. La puissance des français tient dans cette capacité à nous immerger et à nous happer de leur construction à la mélodie scintillante. Il y a dans ces titres une mélancolie, une tristesse qui nous touche et nous entraine dans un univers à la noirceur scintillante. Avec un sens aiguë de la construction, les parisiens réussissent à progressivement transformer leur compositions pour un rendu qui à la fin nous tient en haleine. 

Cultivant une normalité pop, Fontaine Wallace fonctionne à l’inverse d’une mode qui voit les groupes chercher à se différencier par leur technicités ou leur sonorités à part. Point de cela chez Fontaine Wallace qui assume parfaitement sa normalité et la fait exploser dans une chanson française profonde sur « Les systèmes finissants » ou le diabolique « Point Polka ». Il y a une alchimie rare dans ces titres qui voit les français nous enivrer de leur flow et qui nous guident dans ce rock à la mélancolie calme et dévastatrice.

Plus agressif et morcelé sur une fin d’album au rock granuleux « Dedalus » , ils réussissent à proposer un rock sec qui tranche dans le vif. On trouve chez les parisiens cette volonté de proposer une chanson française de qualité dans un écrin au rock acéré. Il y a dans cette musique ce je-ne-sais-quoi qui nous capte. Est-ce ce mélange d’expérimentation fine et de rock, est-ce cette approche mélodique ?  Ce qui est sûr c’est que cette musique aussi normale qu’elle peut l’être nous touche de sa pertinence.

Tel le calme avant la tempête, ce 2ème album de Fontaine Wallace nous murmure une chanson française qui nous explose les tympans de sa pertinence. Travaillant des refrains qui nous restent en tête sur une musique à la normalité surprenante, Fontaine Wallace traverse les modes avec une classe indéniable. On entre tête la première dans cette musique cultivant une douceur rock et une chanson française prenant aux tripes. Dans des textes ciselés, les français n’en finissent pas de sublimer une chanson française faisant son chemin dans un rock qui orchestral ou expérimental finit toujours par nous impressionner. Construisant une musique au rock tout en finesse, les parisiens poursuivent leur chemin avec un sens de la mélodie qui s’améliore d’album en album. Sans faire dans l’exceptionnel ni dans le m’as-tu-vu , les parisiens trouvent leur fonctionnement dans la qualité textuelle et un rock sans compromission.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com