/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 18-02-23

Bajram Bili – « We Will Have Been Happy » : Notre Avis

Artiste de la déstructuration, Bajram Bili  nous revient plus intimiste et simple sur un EP en forme de retour au source. Conçu suite au décès de sa mère, ce nouvel EP apparait plus grave dans une simplicité lumineuse. De son vrai nom Adrien Gachet, le français touche ici aux sentiments et travaille son deuil au travers de 5 titres à la mélancolie exsangue et à l’électro fine. Dans un retour qui se veut plus proche du coeur de sa création, il supprime tout les artifices pour un rendu qui touche au coeur. 

C’est un premier titre introspectif « Mirage » qui ouvre le bal. Dans une électro contemplative, Bajram Bili nous propose une composition hors du temps. Véritable sas de décompression, cette introduction ouvre la voie à un univers à l’émotion palpable. C’est d’ailleurs dès le deuxième titre de cet album « Weird Allegro » que l’on plonge dans l’univers hypnotique du français. Par petites touches sans que rien ne soit gravé dans le marbre, il nous propose une musique à l’électronique mélancolique et fusionnelle. On y retrouve ce chagrin et cette remise en question qui sont les fondements de ce nouvel EP. Chaque sonorité donne à voir une puissance , une créativité qui n’en finit pas de nous étriller.

Dans une ambiance d’apocalypse, Bajram Bili nous entraine dans une musique déstructurée qui progressivement se met en place. On est immergé dans un univers à la technologie omniprésente qui donne à voir un drame aux accents combatifs. Avec un sens de la mise en scène, le français raconte une épopée dans un langage qui est le sien. On brode autour de cette musique, une histoire qui devient la notre et l’on se sent enveloppé par cet imaginaire qui explose en tout sens. Dans une électro aux accents synthétiques sur « Corridor », le français tape dans le mille .

Il y a un côté très Science Fiction dans cette musique qui cultive une sonorité aux accents futuristes puissants. Le français joue sur la frontière tenue entre sonorités spatiale et rythme. On se laisse embarquer dans cette Odyssée de l’Espace qui graphiquement fonctionne à merveille. Dans un cocon aux sonorités synthétiques, le français dessine une vision du futur romancée avec une finesse folle. On se laisse prendre au jeu de cette musique qui construit en nous des images aux couleurs scintillantes. Terminant par le très personnel « Le Futur, C’est Pas Pour Moi », le français couche sur ce titre sa douleur et son état d’esprit. Sans jamais employer de kick, il réussit le tour de force de nous faire flotter entre 2 eaux dans une électro fine à la simplicité ravageuse.

A l’image de ce mélange Futur / Passé utilisé dans le titre de l’EP, Bajram Bili  fait de sa musique une synthèse d’un passé mélancolique et d’un futur aux harmonies synthétiques. Adrien Gachet revient à une simplicité qu’il avait un peu abandonné. On y découvre un artiste touché en plein coeur, en plein questionnement qui progressivement se reconnecte au réel.  Avec un talent hors norme, il raconte  son histoire dans une sobriété frissonnante. Assumant sa douleur dans une musique en forme de chemin de deuil, Bajram Bili touche à l’universel dans un EP haute couture aux idées lumineuses.

Nos coups de ❤ : WEIRD ALLEGRO, LE FUTUR C’EST PAS POUR MOI

Note : 9.0/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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