/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 22-04-20

Asgeir – « Bury to the Moon »

Écrit suite à une déception amoureuse, ce nouvel album d’Asgeir nous entraîne dans la froideur islandaise au travers d’une pop folk à sobriété maîtrisée. De sa voix reconnaissable, il habille gracieusement une suite de composition parfois en peu de deçà de l’attendu. Naviguant dans une musique à la douceur solitaire, Asgeir semble peu à peu s’essouffler dans une folk un peu standardisée.

Asgeir - "Bury to the Moon" : La chronique

Brut et frissonnant sur un premier titre « Pictures » cultivant avec aplomb folk nordique et pop Anglo saxonne, Asgeir propose une composition aux accents lyriques rappelant brièvement « Other Lives ». Il y a dans la musique de l’islandais une rumeur précise,une sorte d’ambiance sombre aux reflets lumineux qui nous fait de suite frissonner et prend peu à peu toute son amplitude dans une composition grandiloquente. Travaillant sa musique sur un background au folk rugueux, il réussit à travers transformer l’essai dans un tout aux harmonies tranchantes qui ne cesse de nous embarquer dans une folie douce. 

Venue du grand froid la musique de l’islandais n’en demeure pas moins chaleureuse. Simple dans sa construction, un titre comme « Youth »  donne à voir un homme à l’aise avec son époque capable de nous proposer une folk épique aux envolées frissonnantes. Car chez Asgeir la musique se veut remuante et portée par les émotions. Le résultat est une entrée d’album où l’envie de danser se mêle à l’envie de pleurer dans un tout virevoltant d’émotions qui nous laissent rapidement sur le carreau. 

Passés ces premiers morceaux, Asgeir semble prendre un virage serré vers une folk plus commerciale. Ceci est le cas dès « Eventide » où il s’adoucit sur une composition peut être un peu trop américaine dans sa facon de traiter avec excès une émotion qui en devient factice. Pourtant le titre fonctionne bien rappelant beaucoup l’approche de Norah Jones dans un solo guitare voix synthé un peu sucré. Plus l’album avance et plus l’on sent l’essoufflement d’un Asgeir qui ne réussit pas à reproduire l’univers qu’il avait pu proposer dans les premiers titres. Que ce soit sur « Lazy Giants » ou « Overlay » malgré des textes intéressants nous écoutons l’islandais égrainer ces titres sans dégager beaucoup d’émotion.

Sincère, Asgeir nous propose un nouvel album assez inégal dans lequel il apparaît capable de proposer des bijoux pop folk comme de sombrer dans une musique aux émotions sans teint. Démarrant sur 3 premiers titres virevoltants, l’islandais dessine progressivement une musique à la sobriété travaillée mais sans étincelle qui finit par nous lasser. Dommage.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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