/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 26-09-13

Juliette – « Nour »

Voilà quasiment 30 ans que Juliette promène son profil hors norme sur les routes de France proposant un univers riche et massif à ses auditeurs. Ce nouvel album semble marquer un tournant dans la carrière de la toulousaine signant pour la première fois de son véritable nom, « Nour » (lumière) entrouvre la carapace et nous dévoile une Juliette touchante et sincère.

Démarrant ce nouvel album avec « Au petit musée » dans une veine excessivement chanson française mais à l’accompagnement simple et acoustique, Juliette semble mettre de côté son personnage. En effet, habitués que l’on est à ses titre pharaoniques aux structures alambiquées, on a cette impression de simplicité bienvenue au travers d’une mélodie délicieusement désuète collant parfaitement à cette accumulation poussiéreuse.

Cette direction se voit confirmer avec des titres comme le lourd et dramatique « Une petite robe noire » traitant des femmes battues dans une mélodie pâlotte et vacillante, ou le magnifique « Nour », titre éponyme de l’album, nous montrant une Juliette sans carapace dans un superbe texte sur l’euthanasie porté aux nues par une voix vacillante se confiant à nos oreilles d’auditeur.

Mais que les aficionados du style à la « Juliette » se rassurent, « Veuve Noire », « L’éternel Féminin » et le très baroque et rococo « Le diable dans la bouteille » tiennent malheureusement leurs promesses et nous inondent de cet univers surchargé, surjoué et vite écœurant, où l’arrangement n’est qu’un prétexte et un support à des textes d’une truculence un peu systématique.

De la même façon, dans un style très acoustico-country sur « Les doigts dans le nez », Juliette se gargarise de bons mot à la Raymond Devos qui l’espace d’un instant font sourire mais nous usent rapidement de part un arrangement nu et pauvre très proche d’un Yves Duteil en goguette. Et pourtant, au détour d’un texte de François Morel on se surprend à rire sur le parodique « Jean Marie de Kervadec » où elle apporte à cette fable fantasque aux rimes en « ec » (certaines sont délicieuses ) un sérieux nécessaire au ressort comique qui, cette fois-ci, fonctionne à plein pot.

Truculente, rabelesque à l’humour des bons mots parfois un peu désuet et élitiste, Juliette nous propose un album assumé et oscillant entre tragédie et comédie dans un tout finalement assez cohérent. Fendant quelque peu la cuirasse, on entrevoit une artiste à la fragilité touchante.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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